1997-2017: Serigne Abdou, déjà vingt-ans !
Jeudi 14 septembre…Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh nous aura quitté physiquement depuis 20 ans. Mais nous n’aurons pas senti le temps passer, tant sa présence spirituelle nous envahit et nous revigore en toutes circonstances.
S’il est un guide religieux qui a suscité l’approbation unanime de notre peuple, toutes confessions et toutes confréries confondues, c’est bien lui. Pourquoi?
Parce qu’il a, toute sa vie durant, énoncé des valeurs qui nous rassemblent. Il les a incarnées et a prêché par le bon exemple. Par sa belle voix, forte et limpide, Dabakh n’a eu de cesse de nous rappeler les préceptes du Saint Coran et d’illustrer, par son comportement, la quintessence du modèle prophétique, sublimé dans ce que notre Peuple a produit de meilleur comme valeurs cardinales.
Sans prosélytisme envahissant ni discours hermétique, il a ainsi rendu accessible le Projet Divin pour l’humain: Savoir, Savoir-être et Savoir-vivre…ensemble!
Serigne Abdou a défendu l’honneur et la dignité des pauvres. Il a aussi rappelé aux riches leurs responsabilités sociales en mettant, bien souvent le premier, la main à la poche. Pour l’exemple. Il s’est toujours engagé, en première ligne, pour les causes justes, n’ayant dans son viseur que la satisfaction de Son Créateur avec, en bandoulière, une extrême bienveillance pour l’espèce humaine. En commençant par le Peuple du Senegal. Il était, sous ce rapport, un Patriote intransigeant et, disons-le ,un Homme politique au sens le plus élevé du terme! L’un des Hommes politiques sénégalais les plus engagés de son temps. Sans jamais briguer de mandat électif ni verser dans le clanisme partisan, Dabakh s’est prononcé sur toutes les problématiques socio-politiques de notre pays. Il a constamment rappelé aux gouvernants, comme à l’opposition, le sens de leurs responsabilités devant Dieu et à l’égard des hommes. Sans fioritures ni excès. Il a ainsi démontré que les causes justes transcendent les clivages politiciens et électoraux convenus, mais aussi les enjeux de positionnement temporels. Eh oui! La Vérité ne souffre d’aucun parti pris. Et Serigne Abdou était un homme véridique. Conformément à Son Modèle, Sa Référence , Seydina Mouhammad (Que la Paix et Les Grâces divines se répandent sur Lui). Humilité, disponibilité et chaleur humaine se dégageaient de chacun de ses gestes. Sa présence se caractérisait par une tension attentive vers l’autre au point que, chaque personne l’ayant côtoyé est persuadée d’avoir LA place de choix dans son cœur. Cette attitude envers les autres était sans aucune distinction de statut social ni discrimination d’aucune sorte. Guide religieux et social achevé, il a accompli jusqu’au bout les rites et pratiques de l’Islam en dépit de contraintes physiques manifestes. Il s’est rendu à la mosquée chaque vendredi pour s’acquitter de son devoir mais aussi pour nous rappeler que cette astreinte, qu’est la prière, n’est susceptible d’aucune dérogation pour un musulman.
Qu’avons nous, dès lors, retenu de son passage parmi nous? Quel viatique pouvons nous tirer de ses discours revigorants , de ses écrits inspirés et de ses engagements qui n’avaient pour objectif que celui de redonner du sens à notre société si perturbée? Mais que dirait-il du Senegal d’aujourd’hui? De sa jeunesse déboussolée par une société en perte de sens? Une société théâtrale en perpétuelle représentation, et où le culte du paraître, de l’argent et du plaisir des sens embrasse toutes les catégories sociales? Que nous dirait Serigne Abdou?
En tentant à mon petit niveau de répondre à ces questions, je me suis senti envahir par une grosse gêne… Un malaise diffus de ne pas être à la hauteur de son legs spirituel et moral. Un sentiment de culpabilité au regard de toutes les larmes qu’il a versées pour le rachat de nos inconduites.
En vérité, le Senegal, au fil de son Histoire, à produit des Hommes de dimension exceptionnelle! Des Hommes de science et de Foi. Serigne Abdou en était un. Incontestablement. De lui nous avons appris à penser en bien. À dire pour le bien. Nous avons retenu que chaque mot doit construire et non détruire. Que le verbe est sacré… Dire du bien ou s’abstenir.
Dans le chaos indescriptible, de la pensée et de la spiritualité contemporaines, nous allons parfois chercher bien loin des modèles alors que là , tout près de nous, des hommes et des femmes ont vécu dans la probité et le culte de l’excellence. Dabakh en était, assurément.
Rendons Grâces à Allah d’avoir béni le Senegal par le passage d’un tel homme sur sa terre. Pour avoir l’avoir vu vivre parmi nous , efforçons nous de le mériter en revivifiant ses enseignements. Ou en les vivant. Tout simplement.
Qu’Allah lui renouvelle Ses Grâces innommables et diffuse, dans ce pays qu’il aimait tant, le culte du Savoir et celui du dur labeur. Dans la Vérité et la Droiture.
Amadou Tidiane WONE
Aspirant disciple de Serigne Abdou
PS: j’ai modifié très légèrement ce texte publié l’an dernier dans les mêmes circonstances…mes propos sur Dabaakh ne sauraient varier. Tant le repère est solide et définitif.