La Presse en Ligne victime d’un vaste complot ourdi par des thuriféraires du Pouvoir
Le Sénégal est un pays vraiment atypique où le point de ralliement des extrêmes en tout genre y étale parfois ses quartiers. L’on se défoule en effet sur les acteurs de la Presse en Ligne comme on se défoule sur ses propres enfants et ce, sous l’emprise d’une colère démente injustifiée qui ne cadre guère d’avec l’ascèse intellectuelle qui sied à une frange des sommités des médias. Depuis quelques temps, les sénégalais et les acteurs de la Presse en général assistent à des shows télévisés d’une minorité d’individus déchaînes dont la «puissance de feu» et de «critiques» sur les médias en ligne, dépassent virtuellement les limites du supportable.
Et l’on a tendance à dire que tout ce qui est excessif est dérisoire. Tant il est vrai que le code de la Presse a été adopté en Conseil des ministres et qu’il ne reste qu’à être soumis à l’hémicycle pour le faire voter. Cela va de soi pour l’histoire mais le grand hic relevé ces temps-ci, c’est qu’un vaste complot est en train d’être ourdi à l’encontre de la presse en ligne. Une grande mascarade dûment entretenue par des hommes des médias dont la forte tendance est aujourd’hui de rendre élitiste la Presse sénégalaise qui soit en parfaite intelligence avec les élites du Pouvoir. Ce qui est contraire au droit inaliénable du public à l’information. Quoi qu’il advienne, la liberté de la presse ne saurait se réduire à une élite. Ce serait un précédent dangereux pour la démocratie sénégalaise. Aujourd’hui, l’information est numérique. Elle se décloisonne sous toutes ses formes. Le dictat des médias élitistes serait inéluctablement en osmose avec les élites du pouvoir. Point barre. Si c’est cela qui est à l’origine du tollé médiatique constaté ces temps-ci, il y a de quoi s’inquieter. On promet en effet la guillotine à des centaines et des centaines de médias en ligne qui ne rempliraient pas les conditions édictées par le code spécifié là où des animateurs-journalistes et des vendeurs de patchworks-animateurs-journalistes, ainsi que des comédiens-journalistes-animateurs font les choux gras des débats télévisés censés être détenus par de vrais journalistes. Pourtant on les laisse faire et le public incapable d’en faire le distinguo consomme avidement leur tralalas sans. La maison de la presse appartient à tous sauf au secteur des médias. L’aide à la presse a emprunté les dédales de l’impasse. A ce rythme, la liberté de la presse va pour sûr vers une mort programmée. L’arsenal juridique récemment promulgué par les autorités et qui commence à faire tourner sa machine carcérale sur les acteurs en ligne a été salué par tous. Notamment les dernières affaires de photos et autres clichés dont les auteurs ont été traduits devant la justice. Comme si cela ne suffisait pas, alors l’on passe à la vitesse supérieure en promettant l’enfer à ce secteur en ligne qui au lieu d’être accompagné en raison de sa spécificité est plutôt voué aux gémonies. Ailleurs, le code de la presse prend-t-il en compte ces milliers de sénégalais lésés par les médias de service public contrôlés par l’Etat parce qu’ils sont du camp d’en face ? Le code prend-t-il en compte cette floraison de sites appartenant aux « intouchables » ? Nous pensons simplement que ce n’est pas de cette façon très inélégante qu’il faut s’attaquer au secteur en ligne. Ce secteur virtuel dérange autant qu’il empêcherait à certains de tourner en rond en termes de profit. Les sénégalais ne sont pas dupes et ce secteur qui aura fortement contribué au renforcement de la démocratie ne sera jamais laissé à la solde d’une « oligarchie médiatique » dont la virulence du verbe et l’inélégance comportementale dénote de leur volonté manifeste de porter atteinte à l’honorabilité des sénégalais. L’émergence tant rabâchée sous nos cieux ne peut au final glisser vers une guerre contre les sites d’informations pour des raisons que nous savons tous. Pour sûr, demain il fera jour.
Assane Séye, journaliste