Centrale Charbon de Bargny : L’alerte rouge de l’écologiste Bakary Sidy Ndiaye

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«Avec la Centrale à charbon de Bargny sans parler de Mbeubeuss, Dakar est assise sur une poudrière…Durée de vie réduite, cancer, maladies pulmonaires, tuberculose…»

Écologiste, diplômé de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Bakary Sidy Ndiaye lance une alerte par rapport à la mise sur place de la Centrale à charbon de Bargny. Dans cet entretien avec actunet, il revient de long en large sur les véritables dangers d’un tel projet face à des populations fortement exposées. Non sans revenir sur l’autre bombe écologique que constitue la décharge de Mbeubeuss, notant au passage que Dakar est véritablement assise sur une poudrière.

Entretien réalisé par Abdoulaye Mbow (actunet.sn)

 

Il est indiqué que la Centrale à charbon de Bargny est une bombe écologique qui vient s’ajouter à la poudrière de Mbeubeuss. Quelle analyse faites-vous de la situation ?

Ce sont deux problèmes qui intéressent au plus haut niveau la survie des Sénégalais. Et, je dois dire qu’un écologiste authentique ne peut cautionner la mise sur pied de ce que j’appelle cimetière à bêton. Il s’agit d’un problème très sérieux et très grave. Cette centrale ne répond pas aux conventions internationales encore moins aux instruments de gestion de l’environnement au Sénégal. Il ne faut pas oublier le Code de l’environnement qui reprend des conventions comme celle de Varsovie, de Vienne, Montréal, Bamako et Abidjan. Je me demande même si l’on avait associé, au moment de la rédaction dudit code, des experts en la matière. En tout cas, depuis la Cop 19 tenue en Pologne, l’alerte a été lancée concernant les dangers d’une centrale à charbon. Aujourd’hui, il faut dire qu’elle ne répond pas aux exigences des pays en développement. Alors, face à cette situation, je me dis que le Président de la République pourrait ne pas être bien informé des dangers de cette centrale. En parlant de pistes énergétiques, il y a contradiction. Pour en revenir à la centrale à charbon de Bargny, elle ne s’appuie sur aucune réglementation que je connaisse. Il faut aller dans le sens d’une étude d’impact environnemental stratégique car, il s’agit de la survie des populations qui est compromise. Donc, nous sommes en déphasage avec les conventions du monde. Évitons tout ce qui est évènementiel en mettant en exergue les véritables problématiques et de donner la vraie information.

Quels sont les véritables risques en termes de santé publique ?

Qui dit charbon, dit pollution qui impacte sur la santé des populations. Les maladies pulmonaires vont ressurgir, des problèmes de cancer vont également se faire sentir. Bref, toutes les maladies qui proviennent d’un niveau de pollution élevé. C’est pourquoi, je dis que c’est un cimetière bétonné. Et, ce n’est pas nouveau puisque c’est un projet délocalisé qui viendrait d’Afrique du Sud. Dans cette histoire, on voit le maire de Bargny qui s’agite en essayant de légitimer ce projet, mais, il doit savoir que les populations, avec le dernier référendum, ont d’autres droits. Aussi, les profits de cette centrale ne valent pas mieux la santé des populations.

Et Mbeubeuss dans tout cela ?

Il n’y a une communication convaincante en rapport avec un tel projet. Il faut une étude d’impact environnemental en tenant compte des préoccupations sociales. C’est le cas avec Mbeubeuss où il faut changer le discours. Et pour cause, à chaque fois que l’on parlera de délocalisation, les populations des sites qui vont accueillir la nouvelle décharge se braqueront. Il faut un discours adéquat en parlant de nouvelles centrales d’enfouissement et non de décharge. Je dois même dire que je crois beaucoup plus à la décharge de Mbeubeuss qu’au pétrole, car, elle être une source d’énergie non négligeable pour les Sénégalais. Mais, en attendant, essayons de voir comment soulager les populations de la commune de Keur Massar qui ont accepté que les habitants des autres quartiers déversent leurs ordures dans leur localité. Il faut les respecter car, elles ont permis aux autres localités de vivre décemment. Dans cette localité, le nombre de victimes de tuberculose augmente. Alors, qu’on les accompagne en termes de prise en charge par rapport aux maladies cardiovasculaires, pulmonaires. Les gens sont en danger et il existe une nouvelle forme de tuberculose décelée là-bas. La durée de vie est réduite sans parler de la prolifération du typha. Cette plante, partout où elle pousse, la nappe phréatique est menacée. Bref, Dakar est assise sur une bombe. Il faut agir ou disparaitre.

Abdoulaye Mbow (actunet.sn)

 

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