Ali Mansoor du Fmi:on ne voit pas assez d’emplois au Sénégal
Chaque année, depuis l’installation du Président Macky Sall, un taux de croissance en hausse est annoncé. Mais, la croissance impacte-t-elle réellement sur la vie des Sénégalais ? Pour le chef de la mission du Fmi qui vient de boucler la troisième revue de l’Instrument de soutien de la politique économique, il y a un cercle vertueux dans lequel notre pays doit entrer.
«Si la croissance est inclusive, elle tend à être plus soutenue et plus relevée. Quand la croissance n’est pas inclusive c’est plus difficile de la maintenir. La clé, c’est de créer un espace économique pour que beaucoup de Sénégalais puissent trouver de l’emploi et créer de la richesse nouvelle qui sera partagée. Et le mécanisme de partage de cette richesse, c’est un système d’imposition juste où tout le monde devra payer. Si certains utilisent leur influence pour ne pas payer cela n’apporte pas d’inclusivité », a expliqué M. Mansoor.
De son avis, c’est cette inclusivité qui pourra permettre une bonne redistribution des richesses, réduire la pauvreté et créer des emplois. «L’objectif de redistribution dépend beaucoup des actions de l’Etat. Mais, il ne s’agit pas juste d’une question d’investissements dans les infrastructures publiques. Mais, aussi investir dans le capital humain. Quand l’Etat investit dans l’éducation et la santé, ce sont des moyens de redistribution. Il y a aussi des mécanismes comme les bourses sociales. Dans les pays qui ont bien réussi l’inclusivité, les actions du gouvernement en soutien aux populations réduisent de moitié le niveau de pauvreté. Donc, l’inclusivité est essentielle. C’est pour cela qu’il faut veiller à la qualité des dépenses», explique le conférencier.
Et si aujourd’hui l’emploi ne semble pas être suffisamment généré par la croissance, c’est que le Sénégal se trouve au début de tout ce processus : «Pourquoi on n’a pas encore vu les emplois, c’est parce qu’on est au début de cet exercice. Peut-être que ce que le gouvernement sénégalais essaye avec la zone économique spéciale n’est pas la meilleure solution, peut-être, qu’il y a d’autres solutions. Mais, il faut trouver une solution ou bien on crée cet espace. Plus rapidement cet espace sera créé, plus ce cercle vertueux pourra devenir une réalité pour le Sénégal. Vous avez raison, vous journalistes, de demander combien d’emplois sont créés par les Pme, par les investisseurs qui ne demandent pas de faveurs à l’Etat, qui produisent et qui exportent aussi. Pour vous vous journalistes et citoyens sénégalais, l’indicateur à suivre c’est le nombre d’emplois créés par ces postes. C’est cela qui va déterminer la réussite du Pse », indique-t-il.