Transport de munitions Sénégal-Mali-Minusma : le commentaire de Babacar Justin Ndiaye

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Un communiqué du Bureau des Relations Publiques de la Police sénégalaise a visiblement minimisé la saisie de 25 caisses contenant 7 500 munitions de guerre, par la Douane malienne, au point de contrôle de Diboli et l’interrogatoire par la Gendarmerie de Kayes de l’officier Samba  Ndiaye, le convoyeur sans ordre de mission, à bord d’un car de transport en commun. Manifestement, les articles de presse insistants et la réaction sommaire du pays contributeur de troupes (le Sénégal) n’ont pas rencontré l’agrément, encore moins la satisfaction de la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation du Mali – la MINUSMA – qui a apporté des clarifications via ses propres moyens de communication.

D’emblée, la MINUSMA lève toute équivoque, en indiquant que le lot de munitions est effectivement destiné à réapprovisionner l’unité de Police du Sénégal déployée sous la bannière de l’ONU, dans la région de Gao. En revanche, les clarifications de la MINUSMA corrigent ou rectifient les courtes et tronquées explications de la Direction Nationale de la Police sénégalaise à travers son Bureau de Relations Publiques.

En effet, cette gravissime bévue ne peut pas être réduite «à un quiproquo vite réglé au plus haut niveau bilatéral» comme le suggère la version sénégalaise.
Preuve que les choses sont autrement plus sérieuses aux yeux des services de sécurité de Bamako, c’est la Gendarmerie malienne qui a escorté ce «colis spécial» jusque dans la capitale du Mali, avant de le remettre, elle-même, au chef de la Police de la MINUSMA.

Et ceci, après que le Sénégal a fourni les pièces justificatives  que l’officier-convoyeur Moussa Ndiaye n’avait pas par devers lui.

Dans la foulée, le pays contributeur du contingent de policiers – en l’occurrence le Sénégal – a été notifié. Toujours suivant les clarifications de la MINUSMA, le Sénégal s’est engagé à prendre des mesures appropriées afin qu’un tel regrettable incident ne se reproduise.

Au demeurant, ce mea culpa des autorités policières du Sénégal n’étouffe pas les commentaires. Bien au contraire. Dans un contexte où le Sénégal traque et emprisonne de présumés djihadistes sur son sol et, surtout, peaufine son dispositif anti-terroriste, il est sidérant d’embarquer 25 caisses contenant 7 500 minutions de guerre dans un car de transport en commun non escorté par la BIP et susceptible de tomber en panne sur une portion du trajet (Goudiry-Kidira) que des bandes armées visitent sporadiquement. Il s’y ajoute qu’à partir de cet impair rendu public, le MFDC et AQMI (souvent repéré en Mauritanie) savent désormais qu’au-delà de Tambacounda, il y a une potentielle source de ravitaillement en munitions et en armes, par braquage audacieux.

Enfin, la presse de Bamako très chauvine et l’opinion malienne très remontée contre la présence militaire étrangère jugée inefficace (le territoire est écumé par les terroristes jusqu’aux portes de Ségou, la seconde ville du pays) ne sont pas loin de penser que des pays tiers – les noms de la France et de la Mauritanie sont murmurés – équipent des forces centrifuges en vue de démanteler le Mali. Le Sénégal ne doit pas prêter le flanc

Babacar Justin Ndiaye

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