Escroquerie au préjudice du Crédit Mutuel Sénégalais : Les trois agents, les jumelles et les Gie fictifs

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ousmaneou

Pour la énième fois, Dieynaba Sarr est attraite devant une juridiction sénégalaise pour escroquerie. Selon l’accusation, son modus operandi consiste à ouvrir un compte bancaire dans une institution financière. Une fois le compte créé, elle fait une demande de crédit au nom de Groupements d’intérêts économiques (GIE). Cette fois-ci, elle a bénéficié de la complicité de sa « sœur jumelle » Coumba Sarr et des dames Nafissatou Ka et Adama Mbaye. Elles ont ainsi réussi à obtenir un crédit total de 115 millions F CFA au niveau du Crédit Mutuel du Sénégal (CMS), pour le compte de cinq GIE. Qui non seulement sont fictifs, mais il s’avère que les papiers versés pour la constitution des dossiers portent des signatures scannées du greffe et de la police. En plus, les cartes grises des véhicules ayant servi de gage appartiennent à des personnes qui n’ont aucun lien avec les GIE.
Ce n’est qu’au moment de recouvrer ses créances que le CMS a découvert la supercherie. C’est pourquoi les agents A. Kiné, B. Diédhiou et Ch. Dieudonné se sont retrouvés en prison, pendant six mois, lorsque l’affaire a éclaté en juin 2010. Hier, ils ont comparu à la barre du tribunal correctionnel de Dakar pour les faits d’association de malfaiteurs et de complicité d’escroquerie et d’usage de faux dans un document public.
Face aux juges, le trio a clamé son innocence. Ch. Dieudionné a reconnu avoir procédé à la mise à la disposition de l’argent au profit des inculpés, mais nie avoir perçu la plus petite commission. B. Diédhiou a soutenu, qu’en tant que chef d’agence, il n’a fait que recevoir la dame Dieynaba Sarr, « dans un cadre professionnel », comme tous les autres clients désirant un service. Ensuite, il l’a orientée auprès d’A. Kiné qui était agent de crédit.
Ce dernier a déclaré n’avoir décelé aucun faux sur les papiers (registre de commerce, cartes grises…) fournis par la dame, au moment du montage des dossiers de crédit. Ces dénégations n’ont pas convaincu les juges, du fait que la dame Nafissatou Ka, présentée comme la présidente d’un des GIE, ne l’est pas. Alors qu’elle a bénéficié d’un crédit de 10 millions  F CFA. « C’est au moment du recouvrement que nous l’avons découvert, car nous avons compris que ce n’était pas son véritable nom », s’est défendu M. Kiné. Il a ajouté que l’octroi du crédit ne dépend pas de lui, mais d’une commission autonome qui se charge elle aussi de vérifier l’authenticité des documents fournis.
Cependant, selon Me Gaël Bâ, conseil du CMS, ladite commission ne s’occupe que de l’aspect technique. Pour la réparation, il réclame la somme de 165 millions F CFA, au titre de dommages et intérêts. Le substitut du procureur Pape Ismaël Diallo parle lui « d’une négligence active » des agents qu’il accuse d’avoir fermé les yeux sur tout, au moment d’octroyer les crédits. Il a demandé qu’ils soient condamnés à une peine d’un an ferme. Pour le parquetier, les sœurs Dieynaba Sarr et Coumba Sarr, qualifiées de dalmatiennes par la partie civile, sont les principales instigatrices et méritent une peine de trois ans ferme assortie d’un mandat d’arrêt. Les dames Nafissatou Kâ et Adama Mbaye font aussi l’objet d’un mandat d’arrêt. Elles encourent une peine de deux ans ferme.
Me Ibrahima Mbengue, conseil des trois agents du CMS, a plaidé la relaxe pure et simple, en arguant que rien ne prouve que ses clients savaient que les documents fournis par leurs coïnculpées étaient faux. « Si leur employeur se doutait de leur complicité, ils seraient licenciés », a-t-il conclu. L’affaire sera vidée le 14 juin prochain.
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