Analyse: Nationalité française de Karim Wade, les maladresses des avocats de la défense
La nationalité française brandie par Me Seydou Diagne, l’un des avocats de Karim Wade, continue de susciter moult commentaires. Après Me El’hadj Amadou Sall qui a enfoncé le clou, ça a été le tour du libéral Babacar Gaye -qui a dit que Karim n’est pas le seul dans ce cas- et enfin Abdoulaye Wade, lui même, conscient de la maladresse des robes noires a jugé utile de prendre sa plume pour sauver ce qui peut encore l’être. Si pour les uns, « Karim, n’ayant plus confiance en la justice sénégalaise, se devait de se tourner vers la justice de la France, son autre pays« , pour les autres « l’évocation de cet appel à la France conquérante, pilleuse des ressources africaines, colonisatrice, est une erreur monumentale de communication que Me Seydou Diagne a faite pour se donner un buzz« .
S’il est vrai que Me Seydou Diagne, installé dans le moelleux fauteuil de France24, a eu un grand moment de communication, il est à reconnaitre que, à lui seul, il a réussi à faire mieux que Macky Sall: détruire la fulgurante ascension de Karim Wade… en route vers le sommet– (clin d’oeil à Cheikh Diallo).
Cette sortie de l’avocat est un frein sec à l’engagement de nombreux Sénégalais, jusque là indécis -sur le plan politique- et qui s’apprêtaient à faire leur les causes de Karim Wade, convaincus que le fils de Wade a été victime d’arbitraire dans le traitement sélectif de son dossier alors des dizaines de potentiels candidats à Reubeus arpentent les couloirs du palais, chantant les louanges du nouveau maitre des céans. Il avait été le « fils à papa » le plus haï pendant le magistère de son père, il est devenu le prisonnier pour lequel les Sénégalais ont le plus compati.
S’il est vrai que personne ne peut lui contester sa sénégalité, l’honnêteté intellectuelle voudrait, aussi, qu’on reconnaisse qu’il fait partie des rares Sénégalais qui ne peuvent se fondre, facilement, dans une foule d’homo sénégalensis. Un lion blanc ne pouvant passer inaperçu dans une meute des rois de la savane.
Aussi, comme le Nouveau Type Sénégalais (NTS) est loin de celui de 1950, les Blaise Diagne, Lamine Guèye, Galandou Diouf, Lépold Sadar Senghor… ne sont plus des références. A défaut d’en faire la source de nos hontes, nous les avons ringardisés. Et bientôt les rues et monuments portant leurs noms seront débaptisés: ils ont été des collaborateurs de cette France colonisatrice.
Karim Wade ne croit pas au Sénégal. Il aspire à diriger un pays dont il ne veut pas partager le destin bon comme tragique. Il est de ceux là qui veulent que le Sénégal continue d’être un des départements -sans les droits- de la France. Pour mémoire, c’est la seconde fois que Karim Wade se réfère à la France lorsqu’il s’est trouvé dans situation difficile.
En 2012, il avait fait appel à Robert Bourgi afin qu’il demande à Nicolas Sarkozy d’envoyer des militaires français mater le peuple sénégalais qui, le 23 mars, s’était opposé à la candidature de trop de son père, Abdoulaye Wade. Si ce même Karim Wade demande à la France d’intenter des procédures judiciaires contre ce Sénégal qu’il aspire à diriger, il y a de quoi désespérer de l’homme. Après tout, des 15 millions de Sénégalais, il est le seul qui appelle à l’intervention d’une force étrangère sur notre territoire national.