Couacs à l’hémicycle: Le député est-il un élu du peuple ?
Dans notre charte fondamentale, il est bien spécifié que le député est un élu du peuple. L’affaire Fada-Aida M’bothie renseigne clairement que tout ce méli-mélo qui secoue l’hémicycle ne relève que de la propension du député sénégalais à travailler pour son parti et non pour le peuple. La nuance aura été de taille.
Affirmer aujourd’hui qu’il existe peu de député du peuple dans notre pays, ne serait guère superflu. La plupart des députés élus sur la base des listes de leurs partis considèrent doctement qu’ils ne doivent leur salut qu’à leurs entités politiques et non à une partie du peuple qui aura décidé de leur élection. Les exemples sont là à foison. L’assemblée nationale offre aujourd’hui l’image d’un ring de pugilat mettant aux prises majorité et opposition. Point barre.
L’opinion publique n’est pas du tout prise en compte. Ce sont plutôt des intérêts contingents de partis qui sont en jeu. Chaque camp tente de schématiser l’affaire à sa guise. A la limite, les sénégalais ne savent plus à quel saint se vouer. Il est évident que ce règlement de compte entre acteurs politiques éclipse insidieusement les véritables problèmes du pays.
On assiste à une séance de diversion politicienne aux antipodes de l’intérêt supérieur du peuple. Dans ce cas, un questionnement se fait jour : le député sénégalais est-il un élu du peuple ? Autrement dit, les partis politiques doivent-ils imposer leur loi à la Loi au sein de l’hémicycle ! Quand bien même, l’institution parlementaire n’est pas exempt de tout reproche. Le passé récent nous aura assez édifiés sur des manipulations politiciennes dont (elle) fut victime pour assouvir les intérêts de partis. Une véritable hérésie quand on sait que le respect à la Loi est sacrée et pour les institutions de la République et pour tous les sénégalais.
Aujourd’hui, les stéréotypes ne manquent pas pour narguer aussi bien l’institution parlementaire que les représentants du peuple. Certains les considèrent pour des chasseurs de primes, d’autres des politiciens embusqués, mais les plus avisés soutiennent que ces députés ne comprennent toujours pas ce qu’est leur véritable mission.
En effet la plupart d’entre eux ne savent ni lire ni écrire dans la langue officielle. Donc tout leur boulot se réduit à être présent et à dormir d’un sommeil du juste sur les box. Et ceux qui savent lire et écrire, travaillent plutôt pour leurs partis et non pour le peuple. Car la nuance est de taille. Et à quelque encablures de la présidentielle à venir, majorité comme opposition tente de gagner du temps. Ce qui signifie que cette bataille est hautement politique pour les différents protagonistes. Mais elle est aussi révélatrice de la primauté des partis sur les prérogatives du parlement. Aujourd’hui, la responsabilité de ces couacs qui minent le parlement et dont l’objectif est de faire oublier les véritables problèmes du pays est partagée entre majorité et opposition. L’urgence serait donc d’inventer d’autres Lois astreignantes qui pourraient enfin faire du député sénégalais un véritable élu du peuple. A contrario, l’hémicycle ne serait qu’un ring de pugilat au grand dam du peuple sénégalais !
Assane SEYE