Divorce entre ‘’Gorgui’’ et ‘’Ngonessi’’ : Radioscopie d’une inti-Fada
« Il est des moments où il faut choisir entre vivre sa propre vie pleinement, entièrement, complètement ou traîner l’existence dégradante, creuse et fausse que le monde,
dans son hypocrisie, nous impose.»
Cette diatribe de l’Anglais, Oscar Wilde, reprise par Modou Diagne Fada et ses amis frondeurs au tout début de leur «mémorandum» du 1er juin 2015, montre à suffisance leur détermination à «refuser le diktat de la fatalité» pour ensuite entreprendre les réformes qui, selon eux, s’imposent à leur formation politique.
Donc, en ces termes, ‘’Ngonessi’’ avait ainsi lancé les couleurs d’un farouche et inévitable bras de fer à ‘’Gorgui’’, son Maitre à qui, il n’a pourtant jamais cessé d’exprimer sa «loyauté» dans toutes ses sorties médiatiques. Malgré cet «amour» au Pape du Sopi, Fada avait juré devant le monde entier que «nous comptons être parmi ceux que l’histoire acquittera, car nous sommes prêts à nous hisser à la hauteur de notre mission dans la traduction d’un avenir de progrès et de succès pour le Pds.»
Et, au bout du compte, ce que tous les observateurs craignaient arriva. Car, celui qui, dans son Mémorandum, s’est réclamé «l’enfant de Wade», a tenu promesse en refusant de se plier à la décision de son Maitre qui voulait le remplacer à la tête du Groupe parlementaire des Libéraux et démocrates au niveau de l’Assemblée nationale. Un acte qui lui a valu l’exclusion du Pds.
Fada en dehors du Pds ?
Aujourd’hui, deux options se présentent à Modou Diagne Fada après son exclusion. Il a la possibilité de regagner tranquillement son‘’Waarwi’’, pour espérer récolter les fruits de la sympathie et la confiance des Sénégalais. Pour cela, l’enfant de Darou Moukhty doit sans nul doute, rester dans une dynamique de combat de vouloir «réformer» son parti dont «l’avenir semble obstrué et avare en perspectives».
Pour être fidèle à sa logique de départ, il doit aussi s’armer de patience, cette vertu qui manque à bon nombre de personnalités politiques. Fada pourrait dans ce cas, voir ses chances se multiplier grâce notamment à ce qu’il convient d’appeler la victimisation dont il bénéficiera au fil du temps. Mieux, ‘’Ngonessi’’ pourrait suivre les pas de ‘’Ngorsi’’ (Idrissa Seck) ou de ‘’Dom-ji’’ (Macky Sall) dont la trajectoire politique est quasi identique mais qui ont fini de marquer leurs empreintes dans les pages de l’histoire politique de notre pays.
En tout cas, dès le début des hostilités entre ‘’Gorgui’’ et ‘’Ngonessi’’, ils étaient nombreux les Sénégalais à pronostiquer une «stratégie» de Fada qui aurait l’ambition de viser la Présidence de la République.
Aussi, le désormais ex-responsable libéral peut-il également signer son entrée dans l’escarcelle du pouvoir dont le chef avait depuis longtemps «ouvert la porte à tout responsable qui voudra travailler» à ses côtés. Mais, dans ce cas, il encourra le risque de signer en même temps son certificat de «décès» politique en donnant peut être raison à ses «frères» du Pds qui l’accusaient, dès le dé- part, d’avoir des connivences avec le régime en place.
«De toute façon, je ne suis pas le premier et je ne serai pas le dernier», pourrait-il par ailleurs, répondre à ses détracteurs en se cachant derrière la transhumance, cette pratique dont l’actuel Président a fait l’apologie.
D’ailleurs, de hautes personnalités politiques n’ont pas hésité à aller brouter là où la prairie est la plus dense.
Le Pds sans ‘’Ngonessi’’ ?
En politique, la multiplication vaut mieux que la soustraction. Et, à défaut de multiplier, il est préférable d’additionner. Le parti de Wade a fait fi de ce principe élémentaire de la propagande et du marketing politiques en décidant de se débarrasser d’un ancien ministre de la République et actuel président de Conseil départemental, quitte à ne pas disposer de Groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Ce qui est sûr, c’est que cette décision ne sera pas sans incidence politique contre la formation libérale si l’on sait qu’auSénégal, le militantisme n’est en réalité qu’affectif.
Toutefois, il est à rappeler que si c’est la vie même du parti qui est en jeu, comme le motivent d’ailleurs Oumar Sarr & Cie, il n’est pas interdit à un parti fort de sévir ne serait-ce qu’à titre pédagogique. Quoi qu’il en soit, le Pds, qui avait osé défier le tout puissant parti unique de Senghor (dans les années 1970) et réussi à détrôner Abdou Diouf (en 2000), sombre, depuis la chute de son Pape, au soir du 25 mars 2012, dans une crise qui n’a pas encore fini de livrer tous ses secrets.
Libération