Coumba Ndoffène Ndiaye, leader du RPJD : « Macky Sall est incapable d’abréger les souffrances des Sénégalais »

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Peu connu dans le paysage politique, Coumba Ndoffène Ndiaye se paie le régime en place  pour évoquer l’actualité nationale. Avec une verve digne d’un politicien bien rôdé, le leader du Rassemblement pour la justice, la démocratie et le développement (Rpjd) s’est déplacé hier jusqu’à la rédaction du journal Le Quotidien, pour descendre en flammes la traque des biens mal acquis. Selon lui, Karim Wade est victime de la guerre «crypto-personnelle» entre Macky Sall et Abdoulaye Wade.

Votre nom est quasiment inconnu du champ politique. Quel est votre parcours dans le domaine ?
J’ai commencé à faire de la politique lorsque j’étais jeune. Je tiens à dire que je suis essentiellement politique, parce que mon père est chef de canton. Je suis le petit fils du Bour Sine Coumba Ndoffène. C’est déjà suffisant pour être un homme politique. En réalité, mon père était un fervent militant du Parti socialiste. Mais c’est Me Abdoulaye Wade qui m’a poussé à faire de la politique. En effet, en 1974, j’ai vu le cortège de Me Wade agressé ; sa voiture détruite. On m’a fait savoir que le responsable était un militant du Ps qui était sur la liste des députés socialistes. C’était à Maka Colibantan. Cela m’a révolté. Je voyais en Wade, cet homme déterminé à changer le pays et qui était sauvagement agressé. J’ai demandé et obtenu de mon père, la permission de militer aux côtés de Me Wade.

Est-ce que vous avez participé à ces nombreuses luttes de Wade qui ont abouti à son élection en 2000 ?
Absolument. Je fais partie des personnes qui ont soutenu le Président Wade. Je l’ai appuyé, notamment sur l’accusation dont il faisait l’objet sur la préparation d’un coup d’Etat, avec l’histoire des armes dissimulées. On l’accusait de tramer une rébellion. A l’époque, on distribuait des tracts avec le Pai clandestin pour rejeter en bloc toutes ces accusations. Nous avions également dénoncé beaucoup de choses qui allaient dans le sens d’entamer Me Wade et le Pds. Nous avons porté ce combat avec les Amath Dansokho, Seydou Cissokho, Samba Dioulbé Thiam, Sémou Pathé Guèye, … Nous avons porté le combat jusqu’à l’avènement du Président Wade en 2000.

Est-ce que Wade a fait appel à vous lorsqu’il est devenu Président ?
Pas du tout. Vous savez, je suis une personne qui ne court pas après des postes de responsabilité. Je suis un Sénégalais qui donne mon point de vue. Les strapontins ne m’intéressent pas. Je ne suis pas de cette race. Ce que je peux dire, c’est que j’ai travaillé pour la réalisation de l’alternance de 2000. Le Président Wade a réalisé des choses et en 2012, il est parti pour céder la place à Macky Sall. Mais je dois avouer que l’Etat sénégalais que je connaissais est en déliquescence sous Macky Sall. Je donne l’exemple de la prétendue traque des biens mal acquis, avec la réactivation de la Crei. Jusqu’ici, il n’y a que Karim Wade qui est traqué. L’opposition estime que ses droits sont bafoués. Sur la traque, je vois plutôt une guerre crypto-personnelle enclenchée par Macky Sall contre Abdoulaye Wade. Karim Wade en est la victime. Cette guerre peut mener le pays dans l’impasse. Dans ce contexte, nous nous proposons de nous organiser en contre-pouvoir pour éviter de subir ce conflit latent entre Macky Sall et Abdoulaye Wade.

Quels sont les faits qui vous poussent à avoir une telle analyse sur la traque des biens mal acquis ?
Je dois dire que la traque sous Macky Sall ne ressemble pas à celle que nous avons connue sous Abdou Diouf. Sous le régime de ce dernier, nous avons eu un impact beaucoup plus positif. Il y a eu des biens qui ont été saisis et les personnes traquées étaient véritablement des coupables. Elles s’étaient enrichies sur le dos des Sénégalais. Je m’éviterais de citer des noms. Mais je veux dire que la traque de Abdou Diouf avait des répercussions positives sur les deniers publics. Je rappelle que cette époque coïncidait avec une crise économique. Il fallait donc aller à l’orthodoxie financière et assainir les finances publiques. Mais aujourd’hui, on voit que la traque des biens mal acquis n’a qu’une cible : Karim Wade. Ce qui est injuste.

Quelles sont les raisons qui ont animé la création de votre parti ?
Lorsqu’on est un responsable issu d’une certaine famille et que le pays traverse une mauvaise passe, on est interpellé directement ou indirectement. Le Sénégal a acquis beaucoup d’expérience en matière démocratique, mais aussi sur le plan social. Mais aujourd’hui, nous assistons à la situation d’un pays qui s’embrase à cause du conflit Macky Sall-Abdoulaye Wade. Ce serait irresponsable de rester les bras croisés. Dans ce contexte, nous avons créé notre parti pour concourir au suffrage des Sénégalais, pour rétablir les valeurs de justice, de démocratie, de solidarité et de travail. Ces principes sont les gages du développement.

Est-ce que vous ne faites pas partie de ces formations politiques «Yobaléma» qui ne vont jamais aux élections ?
Ecoutez, nous avons créé un parti pour concourir au suffrage des Sénégalais. Nous ne sommes pas dans une voie qui consiste à soutenir un candidat. Sinon ce serait facile pour moi d’appuyer le Président Macky Sall qui est de ma région. Je pouvais aussi soutenir Me Wade. Ce ne sont pas les motivations profondes du Rpjd. Par rapport aux partis politiques qui ne participent pas aux élections, c’est parce qu’ils n’ont pas les mêmes chances que les partis traditionnels. Aujourd’hui les formations politiques qui triomphent lors des élections sont favorisées par leur passage dans des gouvernements. C’est seulement au Sénégal et en Afrique qu’on voit des gens entrer dans un gouvernement avec une veste et en ressortir avec des milliards. Ils auront la possibilité de financer leurs partis. D’ailleurs, c’est pourquoi on a augmenté la caution de participation à l’élection présidentielle à 65 millions. C’est injuste ! C’est comme si on voulait éliminer les autres potentiels présidentiables aux mains propres. Par cet acte, on veut encourager les gens qui ont pillé les ressources et ont perpétré des crimes économiques au Sénégal. Des gens qui sont aujourd’hui intouchables.

De qui parlez-vous ?
Les Sénégalais les connaissent.

Vous avez créé le Rpjd en novembre 2014, qu’est-ce qui a été fait pour sa massification ?
Beaucoup de choses se sont passées, qui nous rassurent. Nous avons injecté 3000 cartes. Le parti est présent à Tambacounda, à Fatick, en Casamance, à Dakar et à Thiès. Notre parti grandit et vit bien. Dans les régions, les activités sont mises en stand-by à cause de l’hivernage. Mais dès la rentrée, on va reprendre les séries de manifestations pour sa massification.

Est-ce que ce sera suffisant pour gagner l’élection présidentielle ?
On verra. Les élections vont avoir lieu dans deux ans. D’ici là, on va travailler à massifier le parti.

Donc vous allez vous présenter pour la Présidentielle ?
Oui, je serai candidat. Mais je laisserai ce choix à l’appréciation au congrès que nous préparons pour janvier prochain.

Est-ce que le Rpjd a son récépissé de parti politique ?
Nous avons déposé notre demande de récépissé. La procédure est très poussée. Bientôt, on l’aura. Cependant, je ne comprends pas que notre parti soit constitué avant le Grand parti de Malick Gackou et que ce dernier obtienne son récépissé. Nous avons fait les enquêtes de moralité. Nous avons fait tout le nécessaire pour obtenir notre récépissé. Donc, il appartient maintenant aux services du ministère de l’Intérieur de nous le délivrer parce que c’est notre droit.

Quelle est la doctrine de votre parti ?
Nous nous réclamons de la social-démocratie. Nous prônons des valeurs de justice, de démocratie, de partage, de légalité et de solidarité.

En tant que parti d’opposition, est-ce qu’on peut s’attendre à ce que vous intégriez le Front patriotique pour la défense de la République ?
Bien sûr ! Nous défendons les mêmes principes, c’est-à-dire le départ du régime en place, qui a montré ses limites. Nous savons tous que Macky Sall et son régime sont incapables d’abréger les souffrances des Sénégalais. Au contraire, les problèmes augmentent de jour en jour. Tous les partis, qui sont dans la même posture que nous, peuvent nouer des partenariats avec le Rpjd tout en respectant la souveraineté des partis politiques.

Est-ce que vous pouvez brièvement vous présenter ?
Je suis enseignant de formation au Lycée technique Maurice Delafosse. Je suis également titulaire d’un diplôme de premier cycle d’analyste programmeur en informatique de gestion, et d’une autre qualification en études supérieures de gestion. J’ai enseigné au Cesti en tant qu’encadreur d’étudiants journalistes, dans le domaine des Technologies de l’information et de la communication.

bgdiop@lequotidien.sn

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