Prolifération des carrières de sable à Tattaguine: Des notables s’insurgent contre ce qu’ils qualifient d’une « bombe » écologique

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A Tattaguine, la prolifération des carrières de sables constitue une préoccupation des populations locales. Particulièrement les notables qui, à travers un collectif, ne cessent d’élever la voix autour de cette situation qu’ils considèrent,n d’ailleurs, selon leur porte-parole, Serigne Sene, « une bombe écologique qu’on est entrain de vivre au quotidien et ayant un relent d’un véritable business qui se déroule autour de nous surtout dans notre commune où passent tous les jours de nombreux camions qui traversent les champs de cultures ».
Et c’est bien pourquoi, souligne le porte-parole des notables et autres populations, « nous sommes vraiment dans le désarroi car, à la lumière des faits que nous vivons, il apparaît urgent de tirer la sonnette d’alarme etant en face d’une dégradation incommensurable de notre environnement immédiat ».
Mais, pour Serigne Sene, « cette situation semble être liée pour nous à un manque de solidarité intergouvernementale. Car, nous ne comprenons pas pourquoi, quand le Ministère de l’agriculture se bat bec et ongle pour promouvoir une agriculture durable et de qualité édictée par sa hiérarchie, ses collègues de l’environnement et des mines et géologies, au lieu de le soutenir, délivrent à des tiers des autorisations d’ouverture et d’exploitation de carrières. Au moment où la souveraineté alimentaire est aujourd’hui primordiale pour les populations surtout en zone rurale ».
A Tattaguine déjà, on commence à noter un boom démographique, avec surtout un peuplement important d’éleveurs et d’agriculteurs. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la transformation sauvage des champs cultivables en carrière dérange plus d’un. Serigne Séne d’inviter donc les départements ministériels en charge de l’environnement et des mines à venir au chevet des populations de Tattaguine car même le bétail est de plus en plus menacé par manque de pâturages, de même que les populations menacées d’inondations et leurs enfants de noyades.
L’équation à Tattaguine est que ces notables ne comprennent pas selon leur porte parole, Serigne Sene, « comment peut-on transformer des terres cultivables en carrières et particulièrement en plein hivernage. La conséquence est que les champs de certains non-concernés par ces ventes de terre sont dévastées par le passage des camions qui transportent le sable des carrières.
« Donc, eu egard à tout ce qui précède, nous croyons notre appel opportun et justifié et nous interpellons l’administration territoriale à qui nous demandons assistance et protection. Mais, surtout nous pensons qu’il faille aujourd’hui faire une étude environnementale partagée avec les communautés avant l’ouverture d’une carrière face à cette menace », a laissé entendre Mr Serigne Sene.
Aujourd’hui, le collectif des notables et autres populations de Tattaguine reclame l’arrêt systématique de l’exploitation des carrières dans leur commune. Ils invitent toutes les composantes à porter ce combat quitte à descendre d’une manière très musclée sur le terrain en y associant la jeunesse.
« Car, nous sommes dans une commune rurale dont la survie dépend de notre agriculture et c’est bien pourquoi nous sollicitons l’intervention de Mr le Président de la République, pour nous permettre de sauver nos champs ».

« Des particuliers vendent leurs champs à des tiers »

Il faut noter que dans cette entreprise, ce sont des particuliers qui installent la confusion en cédant leurs terres à des tiers nous souffle Serigne Sene.
Ce qui, selon lui, « est paradoxal même si, ils ont le droit de vendre leurs terres. Mais, si l’on interprète la loi 64-46, les champs ne devraient pas être vendus mais il faut les préserver pour pouvoir donner aux collectivités territoriales le droit de se les approprier, les garder en vue de pour les échanger avec ceux dont les champs sont pris pour utilité publique ».
Mais, Serigne Sene dit, « ne pas comprendre que les commissions des services décentralisés de la région de Fatick, plus particulièrement le bureau de l’environnement, viennent dans notre zone de Tattaguine, autoriser à ce que les terres soient exploitées, alors que les populations ne vivent que d’agriculture. Ceci, installe des dangers éternels avec tous les espaces qui sont dévastés et qui ne sont jamais régénérés. Ce qui est vraiment regrettable ».

Ibou Ndiaye, maire de Tattaguine

« Nous ne faisons que délibérer sur les demandes »

Interpellé sur la situation, le maire de Tattaguine souligne que, « pour ce qui concerne ces carrières, la mairie ne délivre qu’une délibération du conseil municipal qui est convoqué pour étudier les demandes d’attribution d’espaces ».
Toutefois, souligne le maire Ibou Ndiaye, « nous avons constaté une récurrence des demandes mais puisque ce sont des tiers qui cèdent leurs propres terres aux exploitants de carrières, notre rôle ne se limite qu’à émettre un avis favorable où défavorable à travers une délibération du conseil municipal. Puisque, le maire n’a pas la prérogative d’autoriser l’exploitation d’une carrière même s’il est arrivé qu’en tant que délégataire de signature, j’ai eu à émettre des avis favorables pour beaucoup de demandes de carrière tout en insistant sur l’impact négatif qu’engendre cette exploitation de carrières sur l’environnement. Tout en sachant que ces demandes vont suivre d’autres procédures jusqu’à la direction du contrôle et de la surveillance des opérations minières au ministère des mines et de la géologie qui, en dernier ressort, accorde les autorisations et permis d’exploitation des carrières ».
Mais, le maire de Tattaguine Ibou Ndiaye de renchérir que, « les principaux responsables de cette situation sont les propriétaires des terres qui les cèdent leurs espaces à des tierces personnes ou à des entreprises qui, à leur tour vont déposer une demande de délibération à titre de carrière au niveau de la mairie. Mais, là il faut préciser que le maire ne fait que délivrer une délibération après avis du Conseil Municipal qui est convoqué à cet effet tout en tenant compte de beaucoup de paramètres d’ordre environnemental et économiquement viable suivant aussi les rapports de la commission domaniale. Et c’est après tout cela que le demandeur continue la procédure jusqu’au niveau des services du ministère des Mines qui est habilité à délivrer des autorisations d’exploitation de carrières ».
Nous nous savons faire la différence, nous protégeons aujourd’hui, nos agriculteurs, on protège même la terre.
Je pense que sous mon magistère, vous pouvez vérifier ça vous-même, je pense que toutes les demandes de délibération ont été satisfaites ».
Dans cette dynamique, a révélé le maire de Tattaguine, « plus de 400 délibérations ont été délivrées depuis mon installation ce qui ne se faisait pas avant. Mais, que nous accordons des suites favorables à ce rythme-là, c’est une façon pour nous de protéger les paysans et leur terre. Mais, nous estimons aussi que les carrières sont nécessaires économiquement ».
Pour le reste, Ibou Ndiaye souligne, « que nous ne pouvons pas expliquer les raisons qui poussent les propriétaires terriens à vendre leurs terres. Mais, nous pensons que l’État ne doit pas accepter que les terres arables soient vendues au moment où nous croyons à cette agriculture pour vraiment retenir nos enfants au terroir ».
Propos recueillis par M. SAGNE

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