30 ans d’un journal insoumis : La confession de Mamadou Oumar Ndiaye, dirpub de «Le Témoin»
Le 10 avril 1990 est pour plus d’un, une date comme toutes les autres. Mais, elle demeure une date qui aura marqué, d’une pierre blanche, l’histoire de la presse sénégalaise. C’est ce mardi-là que ‘’Le Témoin’’ venait de voir le jour. Né sous la forme d’un Hebdomadaire, ce journal a fini par changer d’identité pour devenir un quotidien. Et c’est ce week-end pascal (Vendredi 10 au lundi 13 Avril 2020) qu’il a soufflé sa 30e bougie. Pour son 1289 ème numéro, Dakaractu consacre ces lignes à ce journal qui se décrit comme un ‘’insoumis’
Pour parler de ce quotidien, qui de mieux placé que Mamadou Oumar Ndiaye (MON)? Président Directeur général du Groupe ‘’Le Témoin’’, il dit avoir, aujourd’hui, ‘’un sentiment de fierté’’. Une fierté qu’il légitime par cette détermination qui a conduit son équipe et lui à sortir du creux de la vague, durant 30 ans. ‘’30 ans, c’est vraiment important dans la vie d’une entreprise de presse. Parce qu’en général, en Afrique, les entreprises de presse meurent très tôt. Le taux de mortalité des entreprises, en général, est très important. Je crois que c’est de l’ordre de 70 à 80%, la première année. Mais, elle est beaucoup plus importante concernant la presse. Donc, quand un journal réussi à survivre pendant 30 ans, c’est quand même un exploit. Et c’est quelque chose dont on doit être fier’’, a confié Mamadou O. Ndiaye.
Ce dernier dit surtout, être ‘’fier d’avoir contribué au développement de la presse au Sénégal ; à l’élargissement des libertés ; à l’information des Sénégalais. Donc, à l’approfondissement de la démocratie et surtout d’avoir contribué à faire de la presse ce qu’elle est aujourd’hui. Aujourd’hui, la presse représente un véritable pouvoir dans ce pays. Mais, quand on commençait en 1990, le poids de la presse était marginal. Il n’y avait à l’époque que 4 hebdos : ‘’Sud Hebdo’’, ‘’Walfadjri Hebdo’’, ‘’Cafard Libéré’’ et ‘’Le Témoin’’ est devenu le quatrième. Ce, alors qu’il n’y avait même pas de quotidien privé, encore moins de télévisions privées et de radios privées. Il y avait juste ‘’Le Soleil’’ qui était l’organe gouvernemental’’.
‘’Ces moments très difficiles traversés par Le Témoin’’
C’est ce qui fait qu’un regard sur le rétroviseur lui donne ce sentiment ‘’d’avoir contribué à ce grand bond en avant réalisé par la presse sénégalaise et d’avoir joué (sa) partition dans ce développement. Donc, c’est vraiment et surtout un sentiment de fierté et aussi de reconnaissance à l’endroit des lecteurs qui n’ont jamais cessé de nous soutenir pendant ces 30 années’’. Aux lecteurs et aux annonceurs de ‘’Le Témoin’’, le Pdg a exprimé ses plus chaleureux remerciements. ‘’On a traversé des moments très difficile et à chaque fois, les lecteurs étaient là. Ils n’ont jamais cessé d’acheter le journal. Les annonceurs aussi étaient là. Et donc vraiment à tous ceux qui nous ont accompagné durant ces 30 ans nous exprimons vraiment notre reconnaissance. En plus encore une fois, de la fierté que nous ressentons vraiment d’avoir tenu pendant 30 ans malgré les difficultés’’.
En terme de perspective de ‘’Le Témoin’’, M. Ndiaye dit ‘’MON’’ d’annoncer une évolution du journal vers le numérique. ‘’Nous sommes condamnés, à faire une version numérique du Témoin. On n’a pas encore pris une décision ferme, mais cela fera partie, en tout cas, des chantiers sur lesquels on va travailler justement, à l’occasion du 30e anniversaire du Témoin. Cet anniversaire intervient en pleine urgence sanitaire liée au coronavirus. Donc, on va certainement tenir un séminaire qui réunira toute la rédaction pour qu’on réfléchisse justement sur le contenu concret à donner au virage numérique que nous envisageons de prendre. Mais ce qu’on peut dire c’est qu’on va tendre progressivement vers le numérique sans abandonner le papier’’, annonce le Dirpub qui dit ne connaître que le support papier.
Perspective
Dans un entretien téléphonique, le journaliste Pape Ndiaye, rédacteur-chef adjoint du journal ‘’Le Témoin’’ n’en dira pas moins que son boss. Lui qui assimile ledit quotidien sous les traits d’un ‘’journal anticonformiste et iconoclaste ayant une ligne éditoriale qui rame à contre-courant de l’opinion’’ est d’avis que tout le mérite revient au Pdg du groupe ‘’Le Témoin’’ et à ses collaborateurs qui n’ont pas lâché prise malgré toutes les difficultés, devant eux, dressées.
‘’Malgré tous ces obstacles, tous ces cumulonimbus (le nuage qui présente la plus grande extension verticale), on est toujours debout et vivant ! Et ça, nous le devons surtout à nos fidèles lecteurs de « 30 ans » que nous remercions infiniment. De même que nos annonceurs, partenaires stratégiques, amis et avocats. Sans eux, « Le Témoin » n’aurait pas survécu. Permettez-moi de décerner une mention spéciale à mon Directeur de publication, Mamadou Omar Ndiaye, par ailleurs Pdg du Groupe « Le Témoin » qui aujourd’hui, est l’unique journaliste et patron de presse de sa génération qui fréquente toujours les rédactions. Et qui tient solidement le navire ! Bref, 30 ans d’existence pour un journal aussi turbulent, mais aussi impertinent comme « Le Témoin, c’est à la fois peu et suffisant : Peu, compte tenu du long, dur et cahoteux chemin que nous devrons encore emprunter si Dieu nous prête encore vie’’, a-t-il dit pour conclure..
Dakaractu