26 juillet 2020-26 juillet 2024, 4 ans déjà ! Mon adieu à Babacar Touré de Sudcom

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Je l´ai vu pour la dernière fois dans son bureau le vendredi 25 juin 1999, quelques jours avant mon expulsion du Sénégal et le début de ma clandestinité au pays de la Téranga. Je venais de quitter le bâtiment de la direction de la sûreté d´Etat où j’avais échappé de justesse à une tentative de kidnapping et d´extradition vers la Mauritanie. Ce jour-là, j´avais pris un taxi à qui j´avais demandé de me déposer à l´immeuble Fahd, siège du Groupe SUDCOM où je pouvais trouver refuge.

 Je trouve sur place mes amis et frères Mamadou Mika Lom, Bocar Niang, Housseinou BA et Grand Demba Ndiaye le révolutionnaire de tous les temps, auxquels je fis le récit de ma mésaventure. lls m´ont informé que Babacar était dans les locaux. Je suis allé directement à son bureau et j´y ai retrouvé aussi mon ami, le grand journaliste d’investigations et directeur de l’Issic Abdou Latif Coulibaly et mon cousin à plaisanterie, le grand sage du groupe et conseiller de l’ombre le doyen Abdoulaye Ndiaga Sylla.

On s´est salué et je l´ai taquiné en disant que son bureau était digne d´un bourgeois et non d´un révolutionnaire, un homme de gauche comme lui. Il éclata de rire et m´accueillit chaleureusement à bras ouverts.

Je lui ai parlé de toutes les menaces qui pesaient sur moi, de ma mise en demeure et comment j´ai quitté en catimini le ministère de l´intérieur.

On parla de la Mauritanie, il me raconta de son exil dans notre pays où il comptait de très grands amis. Nous abordâmes aussi ses relations avec le MND et les FLAM. Je le taquinais en disant qu´il  était  plus proche des ex- cocos du Mnd dans ses approches et analyses sur la Mauritanie et il soutint le contraire en m´affirmant  qu’íl avait aussi des penchants et amis Flamistes. Il cita le nom de son ami Ibrahima Sarr qui fut de sa promotion au CESTI. Il me parla de sa visite à Oualata en 1988 et me donna quelques conseils pour ma sécurité. Il me raccompagna jusqu`à la porte de son bureau et me tapota l´épaule avec : ”Courage jeune homme, tu es un vrai Touré et les Touré sont de vrais Djambars mais tiens-moi informé pour la suite …”. Telles furent les images et les paroles qui me sont revenues à l´esprit lorsque j´ai appris la triste nouvelle de son rappel à Dieu.

Babacar Touré était un diplomate au vrai sens du mot, un intellectuel engagé, un panafricaniste de conviction mais surtout un grand combattant de la liberté. La presse sénégalaise perd un de ses pionniers et l´Afrique un de ses plus dignes fils et avocats et nous un ami, un frère. Il est parti mais il restera à jamais gravé dans nos mémoires.

Je ne peux finir sans paraphraser Martin Gray qui disait : « Etre fidèle à ceux qui sont morts, ce n’est pas s’enfermer dans sa douleur. Il faut continuer à semer ses rêves, à creuser son sillon droit et profond, comme ils l’auraient fait eux-mêmes ou comme nous l’aurions fait avec eux et pour eux. Etre fidèle à ceux qui sont morts, c’est vivre comme ils auraient vécu et les faire vivre en nous ». (Le livre de la vie).

Adieu B.T, paix éternelle à ton âme Diambar, manndé mori.  Amine.

Et la lutte continue !

Kaaw Touré

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