« Tournée nationale Cheikh Anta Diop », à partir de lundi
La « Tournée nationale Cheikh Anta Diop », destinée à vulgariser l’œuvre de l’égyptologue sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-1986) et à plaider pour l’enseignement de sa pensée à l’école, démarre lundi par le lycée Limamou Laye de Pikine, a annoncé vendredi l’enseignant Daouda Guèye, coordonnateur national de l’initiative.
S’exprimant lors d’une conférence de presse, M. Guèye a donné les dates de la caravane : le 9 février à Dakar (Lycée Limamou Laye), le 10 février à Thiès (Lycée Malick Sy et Université de Thiès), le 11 février à Mbour (Lycée Demba Diop), le 12 février à Louga (Lycée Malick Sall et Nouveau lycée de Louga) et Saint-Louis (Lycées Peytavin, Cheikh Oumar Foutiyou Tall et Charles de Gaulle).
La « Tournée nationale Cheikh Anta Diop » est organisée par un groupe d’expatriés vivant pour la plupart au Canada. Ils envisagent de lancer une pétition pour l’enseignement de l’œuvre de Cheikh Anta Diop à l’école.
« L’objectif final de la pétition est de demander aux autorités chargées de l’éducation d’introduire l’enseignement de la pensée du professeur Cheikh Anta Diop à tous les niveaux scolaires et dans des matières comme l’histoire, la philosophie, la sociologie, etc. », a dit Daouda Guèye.
A son avis, il est « important de partir de la base pour remonter vers les autorités les aspirations des masses ».
Intervenant depuis Montreal, par Skype, Lamine Niang, l’un des initiateurs de la pétition « Pour l’enseignement de la pensée de Cheikh Anta Diop », a signalé que les activités de commémoration de la disparition de Cheikh Anta Diop n’étaient jamais suivies d’actes concrets.
« Pour nous, c’est un manque de vision. Il faut aller dans un sens beaucoup plus pratique, parce que Cheikh Anta Diop a beaucoup écrit. Il n’est malheureusement pas enseigné, donc il n’est pas connu à sa juste valeur. Pour nous, il est important d’introduire l’enseignement de sa pensée dans les écoles », a dit M. Niang.
Depuis un an, « on a vu l’intérêt et la participation d’un nombre important de personnalités » à la vulgarisation de la pensée de Cheikh Anta Diop, a-t-il signalé.
« La caravane est destinée à vulgariser cette pétition, d’en parler auprès des élèves et des étudiants », a expliqué Lamine Niang.
Selon lui, la deuxième phase de la démarche consistera à approcher les autorités étatiques pour les appeler à assurer de façon pratique la mise en œuvre du projet d’introduction de la pensée de Cheikh Anta Diop dans le système éducatif.
L’écrivain Boubacar Boris Diop souligne pour sa part qu’au-delà du fait que « personne n’a réussi à proposer des contre-arguments pertinents à la thèse de Cheikh Anta Diop sur l’origine nègre de la civilisation égyptienne, il y a son travail sur le panafricanisme, l’Etat fédéral africain et les langues nationales ».
« On a l’impression que la falsification de l’histoire continue. Pendant longtemps, il a été le seul à dire que l’Afrique était le berceau de l’humanité, a dit Boubacar Boris Diop. Mais Cheikh Anta Diop, c’est bien plus que cela. C’était aussi un homme d’une grande courtoisie, d’une grande humanité et d’une simplicité. »
Il a ajouté : « En tant que politique, il était d’une intégrité absolue. Avec un mépris total pour l’argent et les honneurs. Donc enseigner Cheikh Anta Diop, c’est aussi enseigner ce modèle humain et moral ».
Pour Dialo Diop, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), parti fondé en 1976 par Cheikh Anta Diop, « ce qui vaut pour la refondation de l’école et du système d’enseignement vaut également dans la refondation des Etats ».
Acteur majeur de la restauration d’une conscience historique africaine, Cheikh Anta Diop est décédé le 7 février 1986, à l’âge de 62 ans. Il a notamment publié « Nations nègres et culture » (1954), « L’Unité culturelle de l’Afrique » (1960), « Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique » (1967) et « Civilisations ou barbarie » (1981).