Serigne Bassirou Guèye, Procureur : “ La relaxe de Aïda Ndiongue et Cie nous semble manifestement illégale et même troublante”
Le Procureur de la République du tribunal de grande instance de Dakar, Serigne Bassirou Guèye, a décidé d’interjeter appel suite à la décision de relaxe prise par la 3e chambre correctionnelle en faveur de Astou Ndiongue (plus connue sous le nom d’Aïda) et Cie. “C’est à la suite de la découverte de quatre chèques d’un montant global de 20.688.638.967 Fcfa, émis par le projet de construction de logements sociaux et de lutte contre les inondations et les bidonvilles, communément appelé plan Jaxaay et le projet pour l’achèvement du programme de construction et de réhabilitation des édifices de l’Etat à l’ordre des entreprises de Madame Astou Ndiongue dite Aïda qu’une enquête a été prescrite par le Procureur de la République. Les résultats de l’enquête ont révélé clairement que lesdits paiements ont été effectués en exécution de marchés d’équipement en matériel de 35 maisons de l’outil, de fourniture de bacs à ordures, de 5.000 tentes et de 500 motopompes haut débit.
Concernant l’équipement des maisons de l’outil, les destinataires de ce marché (les intendants du lycée Maurice Delafosse) ont unanimement déclaré, tout au long de la procédure et même devant la barre du tribunal, n’avoir jamais reçu ledit matériel”, rappelle le Procureur.
“Concernant les marchés relatifs aux tentes, il résulte des déclarations constantes du Directeur de la protection civile que seules les 1947 tentes sur les 5000 ont été livrées. En outre, les enquêteurs ont constaté un reliquat de 41 tente en dépôt.Concernant le marché relatif à la fourniture de 500 motopompes, il résulte aussi de la procédure et notamment de la correspondance N°2125 du 22 juillet 2011 du colonel Ouanza Ouattara, commandant du Groupement national des sapeurs-pompiers, que seules 100 motopompes d’un faible débit ont été livrés. Abdou Aziz Diop, lui-même, a reconnu avoir attiré l’attention de son ministère de tutelle sur cette différence. L’enquête a, en outre, démontré de manière indubitable que lors de la réception du matériel, aucun décompte n’a été fait tel que cela découle des déclarations du comptable matière Hubert Davy Thiour. Ce dernier a d’ailleurs précisé l’absence de comptabilité matière retraçant les entrées et sorties dudit matériel”, ajoute-t-il.
Il est constant, fait-il savoir, que “la dame Astou Ndiongue a faut usage de manoeuvres frauduleuses en créant des sociétés écran parce qu’interdite d’exercer des activités commerciales du fait de son statut de fonctionnaire pour soumissionner à des marchés publics”. “En outre, il résulte de la procédure qu’aucun procès-verbal de réception n’a été signé lors de la livraison, seuls les bons de livraison ont été signés. Cela est même confirmé par les membres de la commission de réception. Donc, il est manifeste que les procès-verbaux produits sont faux”, tranche le parquetier.
Devant de telles certitudes et évidences, conclut-il, “une décision de relaxe nous semble manifestement illégale et même troublante”.