Post législatives: Action ! Pastef dans la metamorphose des Dieux! (Amadou L Sall)
Amadou Lamine Sall
poète
Conférencier invité de l’Université du Kwazulu-Natal, Afrique du Sud et de l’Université de Montréal au Québec,
Nous voici enjambant des élections législatives anticipées qui, dans les motifs de son déclenchement comme dans
sa finalité, ont fait couler beaucoup de salive et d’encre, presque pour rien ! Les Sénégalais, tranquilles et
responsables, sont allés voter pour ceux qui le désiraient. Ceux qui sont restés au lit ou près de leur tasse de thé,
ont été, certes, les plus nombreux ! Tant pis, on fera avec ! Les nouveaux élus sont loin de s’occuper du nombre
de votants et de celui des abstentionnistes. Ils n’en n’ont cure ! Assemblée nationale, nous voilà ! Peut-être, en y
réfléchissant, il importerait d’étudier l’éventualité d’un vote obligatoire dans notre nouvelle Constitution si
attendue et sans doute inévitable avec son cortège, encore et encore, de retour aux urnes par référendum ! Tout doit
aller désormais vite pour laisser place à l’action, au travail ! Les Sénégalais n’oublient pas les promesses des
valeureux vainqueurs et elles doivent être tenues ou expliquer alors, sans tarder, pourquoi toutes ou certaines
devront attendre un peu, le temps de bien se caler et de laisser bien infuser le thé à la menthe !
Tout de même admirable, émouvante, inédite plutôt que tragique et détonante, cette aventure du Premier ministre
Ousmane Sonko, président du parti PASTEF, qui, à lui seul, en chef incontesté, gagne les présidentiels, gagne les
législatives dont on croyait qu’il allait payer la casse, après un court exercice du pouvoir au pain sec ! Une majorité
de Sénégalais, une fois encore, l’ont plébiscité, alors que ses opposants croyaient qu’il serait puni avec une majorité
hypothétique, sinon fortement relative, au carrefour même d’une probable cohabitation ! Rien de tout cela ! Rien
à dire : les Sénégalais ont choisi, même le ventre vide, à donner toutes ses chances à PASTEF pour gouverner. Tant
mieux ! En effet, à la vérité, il n’était pas interdit de les aider à gouverner, sans entrave, avec une majorité à
l’Assemblée nationale. De Senghor à Macky Sall, le Chef de l’État a toujours fini par se doter d’une majorité et
gouverner. Cela n’empêche aucun pouvoir d’aller ensuite à la défaite, s’il a usé de son temps de vie au pouvoir,
quelle que soit la dimension de ses réussites ! On part toujours et c’est quand on est fort, que l’on prépare sa
défaite !
Voilà donc que se poursuit la marche audacieuse et triomphante d’un leader politique singulier, à la fois aimé et
vomi, audacieux à friser la folie, constant dans l’épaisseur de sa lutte, offensif à volonté, téméraire, oppressant
pour ces adversaires. Ousmane Sonko ne lâche rien, ne pardonne rien ! C’est véritablement un monstre politique
porté par une génération aussi folle et téméraire que fidèle à leur Bob Marley. C’est ainsi. Pour l’heure. Demain
sera un autre jour.
Le piquant et modèle rare, sinon unique, de gouvernance au Sénégal, en Afrique et peut-être même par le monde,
est que voilà un président de parti qui va à l’assaut du pouvoir suprême, gagne et installe un militant de son camp
comme président de la République, lui étant jugé hélas inéligible à ce haut grade ! L’humble et inespéré militant
de parti choisi entre mille, devient ainsi Chef d’État. Surréaliste ou presque ! Le militant mis sur orbite lunaire,
nomme son patron, chef du parti victorieux, comme Premier ministre. Ce dernier décide de retourner aux élections
législatives anticipées, avec tous les risques, pour asseoir le pouvoir de son parti et pouvoir dérouler librement,
confortablement et souverainement son programme. Il gagne ! On attend impatiemment de voir la suite. En effet,
restera-t-il encore au poste de Premier ministre ou quittera-t-il ce dernier pour s’asseoir dans le fauteuil de Président
de l’Assemblée nationale ? Mystère et boule de gomme !
Allons un peu nous perdre dans des configurations commodes : connaissant la nature et le feu guerrier qui l’habite
et qui ne le quittera pas de sitôt, malgré des indices de sérénité et de prudence qui l’ont un peu rattrapé durant la
campagne des législatives, parions qu’Ousmane Sonko restera Ousmane Sonko, c’est-à-dire visible et omniprésent
au-devant de la scène politique nationale, en restant à son poste de Premier ministre. Là, il est dans l’action, au
cœur de l’action et maitre de l’action ! Accepter d’aller occuper le fauteuil de Président de l’Assemblée nationale,
serait se soustraire aux feux de rampe et au grand théâtre de l’animation de la scène politique sénégalaise. Cela ne
lui ressemblerait pas ! L’homme est fait pour être vu, entendu, écouté, à toutes les heures de la vie de la nation !
C’est cela un héros qui veut ne pas être oublié, qui ne veut pas être masqué par d’autres prétendants !
Mais où placer alors Bassirou Diomaye Diakhar Faye, président de la République du Sénégal ? Qui a vu ou aperçu
le Chef de l’État ? Totalement masqué si ce n’est effacé par l’énorme présence de son Premier ministre, président
du parti PASTEF ! Non pas que Monsieur Sonko veuille le masquer, mais l’actualité ne voit que lui, n’entend que
lui, ne pose ses regards que sur lui ! Presque impossible de changer la donne ! Toutes les places sont prises par Ousmane Sonko, présent ou absent ! Rester Premier ministre de cette manière et dans ce rôle jouissant d’avoir
toutes les caméras braquées sur soi, n’est pas forcément vouloir être le seul visible et le seul engagé dans l’action !
Accepter de muter vers l’Assemblée nationale, serait laisser davantage de visibilité au président de la République
au regard de la presque discrétion de ce poste, comme chef du Parlement ! N’être que dans les airs et parcourir le
monde, présider les Conseils des ministres, lancer des messages de paix et de réconciliation, ne peut pas être
seulement le rôle d’un président de la République. Nombre d’observateurs, à tort ou à raison, pensent qu’Ousmane
Sonko devrait donner de la place et de la visibilité au premier des Sénégalais que dans sa majorité, le peuple aime,
affectionne, pour ces valeurs tant chantées qui l’habitent et l’habillent : l’humilité, l’écoute, la sérénité, l’éthique.
Diomaye est contagieux ! Il est difficile de ne pas l’aimer. C’est ainsi. D’Ousmane Sonko, on s’exclame, dépassé
par son sucés têtu et triomphant : Dieu l’a élu cet homme ! Accepte-t-on le tous, comme tel et prions ! Diomaye ?
La sentence est celle-ci : Dieu sait pourquoi IL l’a choisi comme président de la République et non Sonko. Mais
Allah est bien passé par le « prophète » Sonko pour copter Diomaye !
Ne le taisons pas. Mettons tout sur la table, vrai ou faux ! Nombre d’observateurs pensent que si l’actuel Premier
ministre acceptait de muter vers l’Assemblée nationale comme Président, il pourrait arriver que le président de la
République dont on connait la piété, l’extrême humilité et l’extrême désintéressement, puisse proposer sa
démission et laisser le leader et le héros de tant de prouesses politiques éblouissantes, venir occuper le fauteuil de
l’Avenue L.S.Senghor. Une manière, disent les mauvaises langues, de se venger de Macky Sall, l’immense
bâtisseur, quoique l’on dise ou pense de lui. Diomaye est un pur joyau. Il est capable de se surpasser. Mais Ousmane
Sonko sait également où est la vraie grandeur ! Sans doute que Diomaye restera là où il est ! Ousmane là où il
servira le mieux ! Diomaye sera le tambour et Sonko la baguette. Il semble désormais connaitre, comme nul autre
pareil, quelle danse, quels pas de danse et sous quel rythme aiment se déhancher les Sénégalais qui votent
PASTEF !
Oui, nous aimons danser ! Alors dansons pour éloigner le doute, l’angoisse, la faim, les factures, les poches trouées
et si vides. Se développer ne veut pas dire ne pas danser. La culture sera notre première souveraineté ! Elle doit
être placée au sommet de l’État, c’est-à-dire que chaque enfant du Sénégal reçoive comme viatique et comme don :
l’alphabet, l’enseignement, l’éducation, la formation. Que chaque enfant du Sénégal ait droit à un livre, un tableau,
une sculpture, un théâtre, un cinéma, un musée, une architecture, une musique, une maison de la culture, une
éducation artistique. Nous devons retourner au véritable sens de l’homme, c’est-à-dire lui donner et lui apprendre
à échapper à sa condition d’être miséreux, inculte et vaincu en « transformant son destin en conscience. » L’homme
ne doit pas seulement vivre d’évasions mais surtout de possessions et d’héritage fondateur ! Aux hommes
politiques qui ont pris le risque de promettre de conduire leurs semblables vers le paradis, voilà l’ordre protocolaire,
c’est-à-dire d’abord une victoire sur nous-mêmes ! C’est là que commence la refondation systémique !
Osons le dire et l’affirmer : ce sont ceux qui ont pris les « armes » contre l’État -tel qu’il a été il reste l’État- à qui
les Sénégalais ont confié l’État, à leur tour. Ils devront veiller sur lui et nous le rendrent grandi et protégé. Ils en
ont fait le serment ! Un État se construit dans la paix et dans l’exigence éthique et patriotique de ceux qui ont été
choisis pour le conduire. Le plus grand déficit budgétaire, c’est le manque d’éthique, de rigueur et de souveraineté !
Il est temps que l’Afrique gagne enfin. Elle n’a pas toujours perdu comme on veut nous le faire croire. Mais
commençons par garder notre jeunesse à la maison ! Ne restons pas comme des paralytiques ! Pour ma part, je
souhaite avant de mourir, revoir une jeunesse sénégalaise debout et conquérante à partir des terres d’Afrique, sans
jamais renoncer d’aller toujours loin pour la quête de savoirs et l’alliance des civilisations. Ne jamais oublier pour
elle, que c’est du particulier que l’on va vers l’universel. Senghor nous l’a appris ! J’ai été si heureux d’entendre
Sonko citer Senghor lors d’un de ses meetings législatifs !
Pour Diomaye et pour Ousmane Sonko, la question n’est pas de savoir si les Sénégalais les aiment. La question
est de savoir si eux-mêmes veulent véritablement refonder le Sénégal ou se coucher. L’avenir nous le dira bientôt
au regard des priorités sociales et économiques posées et à court terme et qui doivent être vite résolues.
Aujourd’hui, ils sont le seul recours. Il faut prouver aux Sénégalais d’abord, à l’Afrique et au monde, que le combat
de PASTEF avait non seulement sa « profonde nécessité », mais qu’il a « finalement gagné » et qu’il est au pouvoir.
La métamorphose des dieux est attendue dans leurs résultats rapides du paysage morose, osseux, que vit le Sénégal
face à des défis pressants ! « L’infirmité du système » Diomaye-Sonko, aboutirait à une grave panne du Sénégal
et pour longtemps. Diomaye restera ouvert, attentif, compatissant, sensible, équitable, respectueux. Sonko,
l’homme à abattre, restera sous son « armure impassible et impénétrable ». Sonko fondra mais fondra très peu. Je
le rappelais sous Macky Sall : un Chef qui gouverne « n’est pas un ours qui danse ! » Diomaye-Sonko, ce couple
sans précédent dans l’histoire politique du Sénégal, sera désormais le visage du Sénégal. Un tableau à qui il reste
d’être une grande et inoubliable œuvre d’art ou un éphémère trompe-l’œil ! Il est temps que la politique cesse
d’être un mot répugnant et hideux
Des voies insurrectionnelles, puisse PASTEF arriver à une chevalerie faite de travail colossal, durable et gagnant,
de loyauté envers le peuple qui l’a élu, de générosité envers les plus démunis, de dévouement à la patrie, de courage
face à l’injustice, d’inflexibilité face à la corruption et le pillage des ressources publiques, de courtoisie face à leurs
opposants. C’est bien face à l’opposition d’abord, que toute démocratie se prouve, se mesure, se valorise ! Comme
ce pays est beau et grand quand on voit les messages de félicitations de l’opposition au camp gagnant de DiomayeSonko ! Il faut perpétuer cette élégance et l’implanter dans l’hémicycle ! Nos prières et nos vœux
accompagnent PASTEF !
Il paraît que Dieu est revenu passer les vacances au Sénégal, depuis le 18 novembre au petit matin, Heureux de la
paix qui a prévalu et régné dans les urnes ! Profitons-en ! Tous ne pourront LE voir, mais tous ont le droit d’espérer
que le Sénégal gagnera et qu’il gagnera toujours.
Novembre 2024