Montréal-Emprunt obligataire de la Ville de Dakar : Khalifa exporte le contentieux
Le maire de Dakar n’adhère toujours pas aux arguments techniques fournis par Amadou Ba, ministre de l’Economie, des finances et du plan et son équipe pour rejeter le 1er emprunt obligataire par Appel public à l’épargne (Ape) de la ville. Lors d’une conférence tenue la semaine dernière à Montréal, Khalifa Sall est encore largement revenu sur ce contentieux qu’il trouve «drôle». Dans une vidéo postée sur le site xalima.com, le maire de Dakar dénonce une attitude politique de l’Etat.
En marge du Sommet du «vivre ensemble», organisé par la ville de Montréal (Québec), le maire de Dakar a tenu une conférence publique avec les Sénégalais vivant au Canada. A cette occasion, Khalifa Sall a ouvert une large fenêtre sur le blocage par l’Etat du Sénégal du 1er emprunt obligataire par Appel public à l’épargne (Ape) de la ville de Dakar. Dans une vidéo postée sur le site xalima.com, M. Sall a encore rejeté les arguments fournis par le ministère de l’Economie, des finances et du plan. Pour lui, Amadou Ba et son équipe ne devaient avoir aucun doute pour laisser la ville de Dakar lancer cet emprunt.
Car, explique le maire, la ville de Dakar n’a ni sollicité ni besoin d’une garantie de l’Etat. «Nous avons été audités par l’Union européenne, la Banque mondiale, et nous avons été notés par Moody’s. Nous avons eu la garantie de l’Usaid à 50%, les 50 autres %, nous avons mis un mécanisme à la ville. C’est-à-dire, nous avons créé un compte séquestre où sera logé l’argent et un fonds de réserve que la ville dote pour pouvoir faire face aux défaillances du projet», argue-t-il. Mieux, ajoute l’édile, «on a eu trois avis de non objection. Le premier c’est Cheikh Bamba Dièye, ministre de la Décentralisation et Amadou Kane (ministre des Finances d’alors), qui nous l’ont donné en décembre 2012. Le deuxième avis, on l’a eu en avril 2014. Le troisième avis de non objection, on l’a eu en juillet 2014, c’est-à-dire après le vote de la loi de l’Acte 3 de la décentralisation, après sa promulgation après les élections, après l’installation du maire. Donc, qu’on vienne nous parler d’Acte 3, c’est un peu drôle. La religion qu’on s’est fait, c’est que c’est une attitude politique, on la prend comme ça».
L’Usaid et Gates s’étaient engagés à accompagner les collectivités locales à aller sur le marché de l’épargne publique. Et Dakar devait être la ville pilote. Après la capitale sénégalaise, ça devait être le tour d’Accra, Nairobi, Abidjan entre autres. «Ce qui nous fait mal, c’est qu’on ait commencé par Dakar et que ça n’a pas abouti. Mais heureusement, on a négocié avec la Fondation Gates qui a accepté d’accompagner Accra. La capitale ghanéenne va sur le marché et Abidja est en train de se faire noter (…). On voulait prouver que les collectivités africaines avaient les capacités d’aller sur le marché sans l’aide et la garantie de l’Etat. C’est une belle expérience. Mais aujourd’hui, ces projets vont être conduits, mais par le biais d’autres mécanismes financiers», regrette le maire.
Aujourd’hui, la mairie de Dakar cherche des partenaires. Car, soutient Khalifa Sall, Dakar doit changer et cela doit être le fait de chacun des Sénégalais.
Dialigué FAYE-Lequotidien