Les prières de Massaly au tribunal font rire sous cape
Outrage à agents de la force publique dans l’exercice de leur fonction, diffamation contre un corps constitué (la gendarmerie), violence et voies de faits. Tels sont les 3 chefs d’inculpations qui pèsent aujourd’hui sur Mamadou Lamine Massaly. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu un court séjour en prison et un procès tenu ce mardi au palais de justice de Dakar.
Devant le juge, c’est le parquet qui a d’emblée demandé le renvoi du procès en raison de l’absence de la partie civile, dès lors que l’Agent judiciaire de l’Etat (Aje) était absent. Un argument que n’a pas voulu gober les avocats de la défense. Forts de près d’une dizaine de conseils composés, entre autres de Mes Mouhamadou Moustapha Dieng, Souleymane Ndéné Ndiaye, Adama Fall, Demba Ciré Bathily, Bamba Fall, les avocats de la défense ont dénoncé le fait que leur client soit traduit devant une audience des flagrants délits pour une affaire de diffamation.
Me Dieng et ses confrères ont, eux regretté qu’une procédure de diffamation atterrisse à la barre d’une audience des flagrants délits. Dès lors ils ont plaidé l’incompétence du juge à trancher dans cette affaire. Il ajoute d’ailleurs, qu’en l’espèce, la constitution de partie civile de l’Aje est irrecevable. Et si cette affaire concerne le ministère public, ils ont estimé donc que l’affaire est déjà en état et doit être jugé.
Un avis qui n’a pas convaincu le parquet. Ce dernier, brossant un peu les faits à l’origine de la plainte déposée par le Haut commandement de la gendarmerie qui se sentant outragé, diffamé et victime de voies de faits, a déposé une plainte au parquet, a réitéré sa volonté d’obtenir le renvoi du procès. Ce, après avoir rappelé aux conseils de Massaly, les trois chefs d’inculpations qui ont valu à leur client un procès.
Autant d’arguments qui font que le juge, après un bref moment de réflexion a accordé la liberté provisoire à Mamadou Lamine Massaly. Un temps de réflexion qu’a mis à profit le prévenu pour s’offrir quelques minutes d’intenses prières. Sage sur son siège, habillé d’un ensemble traditionnel de couleur vert clair, des babouches blanches, le crane rasé, avec une barbichette, Massaly n’a pas été bavard pour son premier jour de procès. Assis face aux juges, à moins d’un mètre de la barre, il avait les deux paumes jointes sur le visage, les deux pouces placés sous le menton, les lèvres se remuants, les yeux fermés. Il priait. Une concentration que n’a rompue que les moqueries de son entourage immédiat qui avait constaté le manège.
A peine les yeux ouverts, il a amis un petit sourire avant de dire «amine». Mais les prières n’ont pas été veines, d’autant que le souhait de ses clients de lui obtenir une liberté provisoire a été exaucé.