Le gouvernement chinois prend son temps pour réfléchir à la modification du contrat de financement proposé par la partie sénégalaise.
Mais le gouvernement estime que cela ne devrait pas retarder outre mesure le lancement des travaux, d’autant plus que l’entreprise chinoise est déjà sur place, et toute sa logistique serait déjà opérationnelle.
C’est finalement à la fin de cette semaine, probablement le week-end prochain, que devrait être lancés les travaux de l’autoroute qui va relier Thiès à Touba, la capitale du mouridisme. Les autorités sénégalaises ont décidé de ne pas attendre la décision définitive de Eximbank China pour commencer les travaux, d’autant plus que la société chinoise chargée des travaux est déjà sur place, avec tout son matériel et son personnel. Etant donné que le Protocole d’accord (en anglais MoU) a été déjà signé entre les deux parties, le Sénégal et Eximbank China, le gouvernement sénégalais juge que les détails qui retardent actuellement la finalisation du contrat, ne devraient pas retarder outre mesure la réalisation de cet ouvrage que le régime de Macky Sall place parmi les priorités de son quinquennat.
Pour sa part, Eximbank China est également en attente de la décision du ministre chinois du Commerce, qui en assure la tutelle. En effet, les Sénégalais ayant demandé une révision des termes du contrat de construction de l’autoroute Ila Touba, de manière à ce que le financement chinois soit porté à 90% des 430 milliards de francs Cfa, pour une contrepartie de 10% de la part du Sénégal, avec en plus, un taux d’intérêt de moins de 6%, cela remettait en cause les normes de financement de la banque d’import-export.
Eximbank avait excipé du fait que tous ses contrats de ce type étaient établis de façon à ce que la répartition se fasse sur une base de 85-15, les Chinois apportant bien entendu la plus grosse part. Donc, dans leur esprit, faire aux Sénégalais une faveur de cette importance remettait en cause bien de choses, et surtout, pouvait créer un précédent aux conséquences incalculables. Quid du fait qu’un autre partenaire pouvait se prévaloir de l’exception du Sénégal pour réclamer les mêmes faveurs, sinon plus ? C’est ce qui a fait que la question a été renvoyée à la plus haute autorité, le ministre de tutelle, qui va avoir à trancher. Néanmoins, comme dit plus haut, la partie sénégalaise s’est fait une religion, et ne veut plus perdre trop longtemps son temps. Quelle que soit la décision du ministre chinois du Commerce, l’autoroute se fera, et avec les Chinois. Le ministre sénégalais des Transports terrestres, des infrastructures et du désenclavement, M. Mansour Elimane Kane l’avait d’ailleurs déjà dit, puisque c’est un prêt, et qui sera remboursé, autant essayer de le décrocher au meilleur taux possible. Et si cela n’est pas le cas, ce ne sera pas faute de n’avoir pas essayé.Il sera bien temps, une fois que les travaux auront commencé, de s’intéresser ensuite à la rentabilité de l’ouvrage qui sera ainsi construit. Comme Le Quotidien l’avait déjà fait remarquer (voir n°3565 des 20 et 21 décembre 2014), le tronçon Thies-Touba ne s’anime véritablement que lors des Magal, et son importance économique est bien moindre que celui de la Rn1 par exemple. Conçu pour être exploité sous forme de péage, il faudrait à l’Etat de voir les conditions qui seront offertes au concessionnaire pour l’empêcher d’imposer des tarifs qui pourraient gêner les usagers, tout en lui permettant d’en assurer la rentabilité. Mais sans doute qu’il sera toujours temps plus tard, d’y réfléchir.