L’Allemagne a un besoin urgent de main d’oeuvre qualifiée

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Travail: La nouvelle loi d’immigration, qui entre en vigueur en mars, devra permettre d’accélérer le recrutement dans les pays tiers.

L’Allemagne a besoin de main-d’œuvre, de beaucoup de main-d’œuvre! Après dix ans de croissance ininterrompue, le pays a presque atteint le plein-emploi. Dans tous les secteurs de l’économie, on manque cruellement de bras. Plus d’un million de postes sont vacants, surtout dans le bâtiment, les transports et dans les maisons de retraite. «C’est déjà compliqué de trouver du personnel qualifié. Mais il est encore plus difficile de former des jeunes pour organiser la relève. On ne trouve plus personne», déplore Norbert Mensing, directeur de la PME berlinoise Tornado. Spécialisée dans les mécanismes de transmission électrique, cette dernière emploie une centaine de personnes.

Dans l’administration aussi l’on cherche du personnel. Les collectivités locales déplorent quelque 180’000 postes vacants, notamment dans l’enseignement. Les demandeurs d’emploi sont tellement rares qu’on en vient à débaucher: une offre sur deux est proposée à des gens qui ont déjà du travail! «Pour attirer du monde, nous avons décidé de baisser le niveau de qualification des embauches, voire de prendre des gens qui n’ont pas fait d’études du tout», explique l’entrepreneur Norbert Mensing.

Principal défi à venir

Selon la Fédération des Chambres de commerce et d’industrie allemandes (DIHK), la moitié des patrons allemands estime que cette pénurie constitue le principal défi à relever pour leur entreprise dans les dix prochaines années. «La pénurie va s’aggraver avec le départ à la retraite de la génération des baby-boomers. La numérisation à elle seule ne résoudra pas le problème. Il faudra recourir à plus d’immigration», estime Mathias Mayer, expert en politique de migration au think tank de la Fondation Bertelsmann.

Selon ses calculs, l’Allemagne a besoin d’un solde positif de 260’000 immigrés par an pour assurer la relève dans les entreprises et sauver le système de protection sociale. L’Allemagne est le pays le plus âgé du monde après le Japon! Tandis que le nombre de cotisants diminue chaque année, celui des retraités ne cesse d’augmenter. Selon l’Office fédéral des statistiques, le nombre d’actifs entre 20 et 64 ans sera de 34 à 38 millions en 2060. Ils étaient encore 49 millions en 2013.

Une relance de la natalité pas suffisante

«C’est une illusion de croire que le problème pourrait être résolu uniquement avec une relance de la natalité», dit l’expert pour contredire les arguments de l’extrême droite qui refuse d’ouvrir les frontières de l’Allemagne pour résoudre le problème. Les enfants nés en 2019 seront actifs dans seulement vingt ans à trente ans… Or c’est maintenant que la nation a besoin de bras. Selon le président de l’Agence fédérale pour l’emploi (BA), Detlef Scheele, l’Allemagne aurait même besoin d’un solde positif de 400’000 immigrés par an, «uniquement pour maintenir l’offre de main-d’œuvre sur son marché du travail». «Nous devons faire appel à la main-d’œuvre étrangère qualifiée, sinon nos entreprises iront s’installer ailleurs», a prévenu la chancelière Angela Merkel.

L’arrivée de plus d’un million de réfugiés entre 2015 et 2016 a été une bouffée d’air pour les entreprises. Selon l’Agence fédérale pour l’emploi, près de la moitié des demandeurs d’asile arrivés entre 2013 et 2015 de Syrie, d’Afghanistan, d’Érythrée, d’Irak, d’Iran, du Nigeria, du Pakistan et de Somalie ont trouvé un travail. «Mais l’intégration et la formation des réfugiés prennent beaucoup de temps», rappelle Matthias Mayer avant d’ajouter: «L’Allemagne a accueilli ces réfugiés pour des raisons humanitaires, pas pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre.»

Nouvelle loi en vigueur

L’objectif de la loi d’immigration qui entre en vigueur en ce début du mois de mars (Fachkräfteeinwanderungsgesetz) est donc de faciliter l’accès au marché du travail aux ressortissants de pays tiers (hors UE) déjà qualifiés. Ils pourront obtenir une équivalence de leurs diplômes plus rapidement et bénéficier de cours d’allemand dans leurs pays d’origine. Les entreprises allemandes pourront recruter du personnel déjà qualifié sur place au Mexique, en Inde, au Brésil ou au Vietnam. La «préférence nationale» à l’embauche est supprimée, la délivrance de visas facilitée. «Cette loi était attendue depuis longtemps! Nous devons recruter à l’étranger car nous n’avons plus de jeunes pour assurer la relève», insiste l’entrepreneur Norbert Mensing.

L’Allemagne veut être plus attractive aux étrangers car la concurrence est rude sur un marché du travail qui s’est mondialisé. «En 2019, moins de 40’000 personnels qualifiés de l’extérieur de l’Union européenne se sont installés dans notre pays», déplore Matthias Mayer. «La loi ne changera pas fondamentalement le problème de la pénurie», regrette-t-il. Selon lui, elle permettra à l’Allemagne de trouver quelques milliers de personnels qualifiés par an. Or, d’ici à 2060, il en faudrait au moins 2 millions…

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