La liaison maritime Dakar-Gorée: Un échec commercial incompréhensible !
Pendant la haute saison, les compagnies aériennes louent des avions pour satisfaire la clientèle et gagnent beaucoup d’argent en augmentant les prix. Les entreprises de transport terrestre, autocars et autres font exactement la même chose et les compagnies de chemin de fer ont le privilège d’ajouter des wagons en queue de train pour transporter plus de voyageurs. Mais que fait le port de Dakar pendant la saison touristique ? Elle laisse sa clientèle en rade.
Ce qui se passe d’année en année à l’embarcadère du port de Dakar est un phénomène commercial incompréhensible. Les clients font une longue queue pour visiter l’île de Gorée, sont prêts à payer cher et jusqu’à 5 000,00 Francs CFA pour les ultramarins mais rien n’y fait, le trajet Dakar-Gorée reste un calvaire. Ce phénomène est d’autant plus étonnant pour un prestataire de services qui est solvable car il encaisse des centaines le millions par année sur cette liaison maritime. Comment se fait-il que la clientèle fasse certains jours la queue de l’embarcadère jusqu’au Grand théâtre pour aller à Gorée et que la direction du Port de Dakar ne trouve aucun remède à ce calvaire. Seul le monopole explique cet état de fait. S’il y avait une concurrence sur cette liaison maritime, le problème serait vite réglé.
Que faire ?
Puisse le monopole n’est pas prêt d’être levé, il faudrait que le port de Dakar loue une chaloupe d’au moins 500 places pour 12 à 18 mois en attendant de faire un appel d’offres en vue de l’achat d’une nouvelle chaloupe capable d’assurer la liaison maritime Dakar-Gorée. Les Goréens n’en peuvent plus de subir les retards et les pannes de la chaloupe et les touristes ne comprennent pas pourquoi visiter l’île de Gorée est un calvaire.
Le spectre du bateau Le Joola nous guette.
Combien de fois les usagers de la chaloupe ont une des sueurs froides sur la chaloupe tombée en panne en pleine mer ou a failli s’écraser sur les rochers de Gorée ces dernières années. Le cauchemar du bateau Le Joola a laissé de tels stigmates dans la mémoire des usagers de la liaison maritime Dakar-Ziguinchor que des mesures drastiques de sécurité ont été prises pour éviter la surcharge du bateau. Avant d’accéder à leur cabine, les passagers sont contrôlés cinq fois. Et pourtant, ce sont les mêmes agents qui étaient chargés de la sécurité depuis le naufrage du Joola. Ce qui veut dire qu’il faut juste prendre des décisions radicales pour faire respecter les normes. Épargnons la chaloupe de Gorée d’un tel naufrage ! Actuellement, parmi les trois chaloupes, il n’y en a qu’une qui assure la liaison maritime et malheureusement, elle est dans un état très peu reluisant : les toilettes sont inutilisables, elle ne peut transporter plus de 340 passagers, les agents sont en permanence sollicités par une clientèle désabusée et n’en peuvent plus de leur servir tout le temps les mêmes réponses.
Que faire de la nouvelle chaloupe ?
Annoncée en grande pompe par l’ancienne direction du Port de Dakar, la chaloupe baptisée Boubacar Joseph Ndiaye, ancien conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, a été un échec prématuré. On la voit amarrée au port et se demande à quoi elle sert. Fort de ce constat, on se demande pourquoi aucune mesure n’est prise pour la recycler ou l’orienter sur une autre liaison maritime ou fluviale afin de limiter les pertes. Cet échec est non seulement désolant mais terni aussi l’image de la direction du Port de Dakar.
De l’échec commercial au Jub, Jubal, Jubanti
Notre société civile devrait se considérer comme le conseil d’administration ou un organe de contrôle du slogan Jub, Jubal, Jubanti qu’on peut traduire par « la restauration de l’État de droit » et agir en conséquence car il est inconcevable de se trouver face à une telle manne financière et d’accepter un tel gaspillage dans un pays où les moyens font tant défaut. Il n’y a qu’une solution qui vaille : louer immédiatement une nouvelle chaloupe où ouvrir la liaison maritime Dakar-Gorée à la concurrence. Après tout, dans les transports interurbains, la compagnie de transport Sénégal Dem Dikk fait face à la concurrence du secteur privé et se porte bien financièrement et le transport aérien privé se porte bien aussi sans Air Sénégal.
Ibrahima Guèye
Journaliste
Une fois Goréen, toujours Goréen !