Guédiawaye: Ses proches l’imaginaient à Madrid, le migrant Alasane Fall retrouvé dans les tiroirs de la morgue en Espagne
Guédiawaye, quartier Wakhinane Nimzatt, dans la banlieue de Dakar. La localité vient d’enregistrer son premier mort, officiel, après le naufrage de quelque 800 migrants en Méditerranée.
Alors que ses proches le croyaient bien arrivé en Espagne, la mauvaise nouvelle leur sera communiquée par un ami d’enfance, un mois plus tard, le 15 avril, par l’intermédiaire des vieux du quartier qui fréquentent la mosquée, chargés par ce dernier d’informer la famille de Alassane Fall, marié et père de trois enfants. Le migrait était passé par la Mauritanie puis le Maroc pour rejoindre l’Espagne.
«Sur l’un des cadavres, les secouristes de la Croix rouge espagnole découvrent des pièces d’identification qui ont pu résister à la furie des eaux. Il s’agit de Alassane Fall, Sénégalais, né en 1981. Sur la pièce en plastique, est griffonné un numéro de téléphone. C’est celui de la sœur de Alassane Fall», relate le quotidien L’Observateur, qui explique : «Dans la nuit du 15 mars, après avoir rangé les cadavres à la morgue, un individu s’exprimant uniquement en espagnol, tente désespérément de joindre la famille du naufragé restée au Sénégal».
Croyant avoir affaire aux services de l’immigration espagnols, les proches ont refusé de décrocher l’appel, de peur être informés d’un rapatriement de Alassane Fall qui, dans leur imagination, était arrivé à bon port.
15 jours plus tard, le porteur du message charge les vieux d’informer la famille du migrant décédé. Ndèye Coumba Niang, son épouse, refuse d’y croire. Toutes ses pensées vont à son bébé 8 mois, né après le départ de son mari, Alassane Fall mort dans les eaux de la Méditerranée.
«Nous avons appris qu’ils sont morts de faim et de soif bien avant que le bateau ne chavire», explique la sœur du défunt, maçon de profession qui peinait à joindre les deux bouts, contraint à partir à la recherche d’une vie meilleure.