Sacrifier les porteurs d’eau ressemblait à la solution de facilité. Rapidement, elle n’a plus été d’actualité. Au cœur d’un été durant lequel de nombreux joueurs parisiens ont été sollicités en sélection, Gueye et Herrera sont restés à Paris. Ils ont bénéficié d’une préparation complète pour démarrer la saison dans leur meilleure condition physique. Et Pochettino, longtemps privé de nombreux éléments clés, n’a pas vraiment eu d’autre choix que de s’appuyer sur eux. C’était leur chance. Et ils l’ont saisie.

L’ART DU DÉPASSEMENT DE FONCTION

Des deux milieux parisiens, Gueye est certainement celui qui attire le plus l’attention après sa prestation éblouissante face à Manchester City mercredi (2-0). Le Sénégalais a lancé Paris sur la voie de la victoire en ouvrant rapidement le score avant d’impressionner par son volume de jeu, tant dans la récupération que dans la construction. Avec son quatrième but en seulement six matches cette saison, le milieu défensif a confirmé sa capacité à dépasser sa fonction. “Son travail nous apporte non seulement de l’équilibre au milieu de terrain, mais nous permet aussi de marquer des buts“, soulignait déjà Pochettino après la victoire contre Clermont (4-0).
Un constat qui s’impose également pour Herrera. Dans un style différent, l’Espagnol est le complément idéal de Gueye pour former ce duo de récupérateurs. Sa lecture du jeu sans ballon lui permet notamment d’être souvent bien placé pour compenser les déplacements de ses coéquipiers. Et comme Gueye, il apporte un plus considérable dans ses projections offensives, récompensées par 4 buts et 2 passes décisives en 11 apparitions cette saison. Il est ainsi le troisième joueur le plus souvent utilisé par Pochettino avec 855 minutes de temps de jeu, derrière Presnel Kimpembe et Achraf Hakimi (896 minutes chacun).

LES GARANTS DE L’ÉQUILIBRE COLLECTIF

Mais si Gueye et Herrera rayonnent depuis le début de la saison, leur fonction première reste de faire briller les autres. Encore davantage au sein d’une équipe qui n’a jamais été autant gavée de stars. Et de profils offensifs, jusqu’aux latéraux Achraf Hakimi et Nuno Mendes. La victoire contre City a permis de vérifier à quel point ces deux marathoniens étaient essentiels pour garantir un équilibre collectif et permettre à leurs coéquipiers d’exprimer pleinement leurs qualités. Le 4-3-3 mis en place par Pochettino leur convient parfaitement dans cette optique. C’était particulièrement criant face aux Anglais.

En position de relayeurs, Gueye et Herrera ont fait preuve d’une adaptation remarquable aux situations de jeu. Dans leur faculté à se décaler vers les couloirs pour apporter un soutien aux latéraux dans les phases défensives et les couvrir quand ils montent en attaque. A accompagner les attaquants au pressing pour maintenir la compacité du bloc parisien et lui permettre une récupération plus haute. Ou à se recentrer pour épauler Marco Verratti et tenter de contrarier la circulation de balle d’une équipe mancunienne toujours habile pour exploiter les petits espaces dans l’axe et limiter ainsi l’exposition de la défense.

“DÉJÀ, LES ATTAQUANTS, IL FAUT LES ATTRAPER…”

C’est déjà un travail monumental. Mais celui de Gueye et Herrera ne s’arrête pas là. Car le PSG a la chance de disposer des meilleurs arguments du monde en attaque avec Neymar, Kylian Mbappé et désormais Lionel Messi. Trois joueurs qui monopolisent logiquement l’attention de la défense adverse. Ce qui ouvre fatalement des opportunités aux joueurs qui viennent de l’arrière pour finir les actions. “Déjà, les attaquants, il faut les attraper, constatait l’entraîneur montpelliérain Olivier Dall’Oglio après la défaite des Héraultais au Parc. Là, ce sont les milieux qui se sont mis en valeur.”
Gueye et Herrera ont parfaitement assimilé cette fonction supplémentaire. Et ça fait toute la différence. Ces dernières saisons, le PSG souffrait de vivre ou mourir par la réussite de ses stars offensives. Il lui manquait cruellement des projections dans la surface de ses milieux de terrain pour élargir encore l’éventail de ses options face au but. C’est justement ce que le Sénégalais et l’Espagnol apportent au club de la capitale depuis le début de la saison. Et au-delà de ses nouvelles stars arrivées cet été, c’est aussi cette nouveauté qui peut permettre à Paris de rêver plus grand.
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