En direct avec Cheikh Tidiane Sy: «la loi coranique n’est loi que quand il y a des hommes capables d’en faire un sermon permanent du progrès»
Ses paroles d’Al Makhtoum, des années 70, sont toujours d’actualité.
En direct avec la Radiodiffusion nationale, dans le cadre de la recherche constante de solutions aux problèmes des pays en développement, Cheikh Ahmed Tidiane Sy, un guide religieux, «un éducateur par exemple et par son enseignement, un citoyen sénégalais tout court qu’on pouvait rencontrer (à cette époque), à l’épicerie, au bureau de poste, au figaro du coin, à la plage ou à la rue discutant de sujets d’actualité, ou encore qu’on peut apercevoir au volant de sa voiture; il fut diplomate, ambassadeur du Sénégal en République Arabe- Unie».
Selon l’ancien reporter, Bachir Kounta, l’actuel khalife général des tidianes, Cheikh Tidiane Sy, Al Makhtoum, était un agriculteur confronté aux problèmes du secteur primaire, un homme de son époque, de son pays, évoquant avec simplicité la réalité de tous les jours; il est un magnifique poète dont les compositions en arabe font de lui l’admiration de tous les disciples des grandes écoles arabes.
Ils s’étaient réunis autour du micro de Radio- Sénégal (la seule à l’époque), les journalistes Amadou Dieng, Abdoul Salam Kane, Claude Béverly, El Hadji Malick Sy et Bachir Kounta. Par la voix de ce dernier, ils ont demandé, entre autres questions, à Cheikh Ahmed Tidiane Sy de se prononcer sur ‘’le rôle chef religieux dans la société et dans le développement’’. Dakaractu propose un extrait de sa réponse.
Par un acte de soumission, à la fois intuitive et raisonné de l’individu, par la soumission de l’individu aux grands principes qui régissent ce que le prophète a toujours appelé la société modèle, intermédiaire. Si vous voulez une autre définition, il s’agit de l’homme, cette créature transitoire qui est considéré à la fois, comme un serviteur et un ressemblant de Dieu. Cet homme qui est savant à sa manière, créateur à sa manière, organisateur à sa manière ; d’où l’énormité de ses responsabilités, d’où le sens de épreuve et d’où cette confrontation qui le met en face de toutes les énigmes et de toutes les réalités. Il s’agit en effet de l’homme dont il faut déterminer l’attitude vis-à-vis de Dieu et de lui- même à travers la société.
Ce qui signifie que face aux recommandations de l’Islam, le rôle primordial de tout bon musulman de faire en sorte qu’il va créer un climat favorable à son développement, à un développement à la fois physique, intellectuel, spirituel dont dépendrait, en grande partie, son épanouissement ; le coran l’a dit. D’où le déplacement de cadres primitifs en vue de céder la place à une société plus apte, et où selon le prophète, cet homme serait à mesure de promouvoir les dispositions à la fois intuitives et agissantes sans lesquelles, l’existence de l’homme n’est utile.
Le musulman doit refuser de compter avec le temps qui reste le plus fort. C’est l’expression d’une volonté à la fois savante et omnipotente ; (‘’c’est ce que nous dit un prophète de l’Islam- on en a déjà parlé, il y a 13 siècles). (Verset du Coran‘’) qui signifie que la loi coranique n’est loi que quand il y a des hommes capables d’en faire un sermon permanent du progrès. El Hadj Malick Sy s’est permis de s’adresser à nous en ces termes : ‘’ ne vous trompez pas sur la rigueur apparente des textes qui disent que nous soyons en bon rapport avec ceux- là mêmes dont la culture marque de ses événements sur terre’’.
‘’El Hadj Malick Sy disait que nous appartenons tous à la culture universelle, pour l’organisation de l’Univers. Nous vivons à une époque où tous les préjugés sont appelés à disparaitre. Le prophète de l’Islam disait que le baptême a fait du croyant de comprendre qu’il n’y a foi que quand il y a absence de préjugé d’autant la morale du 20ème siècle est plutôt à la commodité constante. Et, il s’agit de la marche inexorable vers face à la quelle force nous est donnée, notre adhésion à la loi du siècle. Cette adhésion que le coran considère comme la base de toute compréhension et de toute coopération; elle se veut efficace.
‘’ Pour nous musulmans francophones, la coopération avec la France et les pays arabes ne pouvait être que vivement souhaitée’’. A l’époque, l’affaire était toujours quelque chose de ce genre ; mais naguère, à ses yeux, était un obstacle insupportable…Les pays arabes ont tourné leur regard vers les capitales européennes où nos enfants sont formés et où se trouvent de nombreux futurs cadres de l’Afrique de l’Ouest. Et, l’Islam en a besoin pour mieux appréhender et mettre à profit l’énergie nécessaire à l’existence humaine. Il s’agit de trouver un cadre approprié pour disposer des éléments nécessaires à son rôle qui consiste à informer et à être informé’’.
‘’Un chef religieux sénégalais est- il à mesure de devenir l’incarnation de ce grand souffle de compréhension et de coopération dont le coran a tant parlé? Pour nous la réponse est affirmative. Que voulez- vous qu’il fasse? Si ce n’est de s’intéresser pleinement à toutes les activités constructives de son temps…
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L’invité suivant, à cette époque, était M. Emile Badiane, ministre de la Coopération.