Différend Khalifa/Diène Farba: Cheikh Bamba Dièye dénonce « un passage en force »
Le bras de fer engagé par le maire de la Ville de Dakar, Khalifa Sall, et le ministère du Renouveau urbain, Diène Farba Sarr, a suscité une vague d’indignation au Sénégal. Témoin des dénonciations que continuent de faire une partie de la population sénégalaise pour s’insurger contre un tel conflit, pour la réhabilitation de la Place de l’Indépendance, Cheikh Bamba Dièye est lui monté au créneau pour fustiger l’attitude du ministre.
Secrétaire général du Front pour le socialisme et la démocratie/Benno Jubël (Fsd/Bj), il trouve que « la mission de l’État est d’accompagner les territoires à travers leurs représentants, de les assister, d’être dans la prospective et enfin de mettre un terme à la ruralisation forcée de nos villes ». Il a aussi ajouté que « si vraiment le ministère du renouveau urbain ne peut s’empêcher de réhabiliter les places publiques dans nos cités, il a du pain sur la planche parce que de Saint-Louis à Kafountine, ce ne sont pas les places emblématiques qui ont besoin d’un coup de neuf, qui manquent dans notre pays ».
Parlant de la Place de l’Indépendance, objet du litige entre les deux autorités, Cheikh Bamba Dièye est d’avis qu’« elle ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Elle ne sera pas le lieu où se déterminera qui va présider au destin de notre pays. La stratégie électoraliste est un frein au développement. Elle ne consolide que la négation du droit, le passage en force et les limites de la décentralisation ».
Face à l’entêtement de Diène Farba Sarr, le Sg de Fsd/Bj d’estimer que « le commerce de détail est du ressort des territoires, mais pas celui de l’État. Il doit prendre de la hauteur et éviter les querelles de borne-fontaine avec les autorités locales ».
Dans un communiqué reçu, il a tenté de rappeler au ministre du Renouveau urbain que « la mission de l’Etat et de la tutelle est de repenser nos villes, de les rendre viables et attractives. L’urgence pour eux est aujourd’hui de remettre en scelle les plans directeurs d’urbanisme en les rendant effectifs et opposables aux tiers. L’État devait avoir pour préoccupation d’accompagner les territoires et les autorités locales dans la lutte contre l’occupation anarchique du domaine public et l’enlaidissement de nos villes ».
Il a invité le ministre à comprendre que « le principe de subsidiarité, du latin subsidium (recours, appui) est un principe en décentralisation qui conduit à ne pas faire à un échelon plus élevé ce qui peut être fait avec la même efficacité à un échelon inférieur. On ne peut initier l’acte III de la décentralisation avec toutes les chances de succès en négligeant cette règle élémentaire du développement local. La volonté de l’Etat d’impulser la territorialisation des politiques publiques ne peut être crédible à nos yeux, si à moins de 500 mètres du palais de la République, l’Etat peine à matérialiser cette vision moderne du développement ».