Accession du Pastef au pouvoir: Chance ou mérite ?

0

L’élection surprise de Bassirou Diomaye Faye à la présidence de la République a marqué un tournant inédit dans l’histoire politique sénégalaise. Avec cette victoire, le parti Pastef Les Patriotes, porté par une idéologie de rupture et un discours populiste, est passé du statut de contestataire à celui de gouvernant. Cette accession soulève une question fondamentale : s’agit-il d’un coup de chance ou d’une récompense méritée pour un travail de fond et une adhésion populaire croissante ?

Un contexte politique favorable

Le contexte politique national jouait clairement en faveur de Pastef. Les scandales de gouvernance, l’usure du pouvoir après des décennies d’hégémonie des partis traditionnels, et une jeunesse de plus en plus frustrée par le manque d’opportunités ont ouvert une brèche pour un acteur politique en quête de changement. Les manifestations populaires qui ont précédé l’élection, combinées à une répression perçue comme injuste, ont aussi renforcé la sympathie envers Bassirou Diomaye Faye et ses alliés. Cette conjoncture exceptionnelle a offert au Pastef une plateforme idéale pour mobiliser un électorat en quête de rupture.

Un travail de fond remarquable

Cependant, réduire cette victoire à une simple opportunité serait injuste envers le Pastef. Depuis sa création, le parti s’est construit une solide base populaire, notamment auprès de la jeunesse et des classes moyennes. Il a su capter l’attention par un discours direct, des propositions audacieuses, et un ancrage local efficace. Bassirou Diomaye Faye, successeur d’Ousmane Sonko, a démontré une capacité à fédérer autour d’une vision claire, appuyée par une équipe compétente et déterminée.

En outre, le parti a su s’implanter durablement grâce à un réseau militant dense et un usage intelligent des réseaux sociaux pour contourner les obstacles médiatiques traditionnels. Ces efforts, combinés à une stratégie électorale bien pensée, témoignent d’un mérite indéniable.

 Un défi pour la gouvernance

Cependant, l’accession au pouvoir ne garantit pas nécessairement le succès à long terme. Le Pastef est désormais confronté à la réalité complexe de la gouvernance : réformer un système profondément enraciné, gérer des attentes élevées et maintenir une cohésion nationale dans un climat parfois tendu. La capacité du Président  Bassirou Diomaye Faye et du Premier Ministre Ousmane Sonko, par ailleurs, leader emblématique de Pastef, à traduire leurs promesses en actions concrètes, déterminera si cette victoire est réellement méritée ou si elle restera un accident de l’histoire.

Une combinaison des deux

L’accession du Pastef au pouvoir résulte sans doute d’un mélange de chance et de mérite. Si le contexte politique et social a joué en sa faveur, le parti a su capitaliser sur ces opportunités grâce à un travail de fond remarquable et une stratégie visionnaire. Reste à voir si cette chance se transformera en succès durable, consolidant ainsi l’idée que la rupture était non seulement nécessaire, mais aussi méritée.

Huit mois de gestion de Bassirou Diomaye Faye et du Pastef : Un premier bilan mitige et un apprentissage difficile du pouvoir

Les huit premiers mois de Bassirou Diomaye Faye à la tête de l’État, épaulé par son Premier ministre Ousmane Sonko, ont été marqués par une période d’adaptation qui n’a pas été sans conséquences. Bien que le Pastef ait promis une rupture radicale avec les pratiques du passé, l’apprentissage des rouages complexes de l’administration publique semble avoir ralenti la mise en œuvre des projets attendus par les Sénégalais. Ce retard a alimenté une certaine impatience dans l’opinion publique, en particulier parmi les jeunes et les couches populaires qui attendaient des mesures rapides et visibles.

 Une cohésion gouvernementale mise à l’épreuve

La collaboration entre Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko a été globalement harmonieuse, mais elle n’est pas exempte de tensions. Si les deux leaders semblent partager une vision commune, les défis urgents, notamment la réforme de la justice, la lutte contre le chômage et la gestion de la dette publique, exigent une coordination parfaite. Certaines divergences stratégiques, bien que limitées, ont parfois donné l’impression que le régime tâtonnait face à des urgences nationales.

 Une rupture en demi-teinte

La promesse de rupture a été un leitmotiv de la campagne du Pastef. Pourtant, plusieurs observateurs estiment que les actions concrètes tardent à refléter cette ambition.

Les nominations à certains postes stratégiques ont parfois été perçues comme des compromis avec l’ancien système, suscitant des interrogations sur la volonté réelle du régime d’opérer une transformation profonde.

 Le limogeage du ministre Cheikh Oumar Diagne : une décision stratégique ?

L’éviction de Cheikh Oumar Diagne, connu pour ses sorties maladroites et répétitives, est un signe que le régime est conscient de la nécessité de préserver son image et de maintenir une cohérence dans sa communication. Si cette décision a rassuré une partie de l’opinion, elle a également mis en lumière les failles dans le choix initial des membres du gouvernement, un point qui pourrait affaiblir la crédibilité de l’équipe dirigeante.

 Entre espoir et défi

Bassirou Diomaye Faye et le Pastef disposent encore d’un capital de confiance important, mais celui-ci pourrait rapidement s’éroder si des résultats tangibles ne sont pas obtenus. Les huit premiers mois ont montré que l’apprentissage du pouvoir est complexe, mais les défis à relever exigent désormais une efficacité accrue et des décisions stratégiques pour répondre aux attentes d’une population en quête de changement réel.

Les orientations stratégiques et prioritaires du Président Bassirou Diomaye Faye et du Pastef s’inscrivent dans une volonté de rupture avec les pratiques traditionnelles et de transformation structurelle du Sénégal. Elles peuvent être déclinées en objectifs à court, moyen et long termes pour répondre aux attentes des Sénégalais et poser les bases d’un développement durable.

Alors, il faut le dire avec insistance. Pour relever les défis actuels, le « Gatsa Gatsa » doit être abandonné au profit d’un leadership inclusif et constructif. Cela nécessite des leaders qui pourraient faire preuve de dépassement et d’intelligence politique.

 Actions symboliques

Les actuels tenants du pouvoir doivent, impérativement, mettre fin aux pratiques perçues comme revanchardes et engager des gestes d’apaisement envers d’anciens adversaires politiques.

Dans le contexte actuel, le travail doit être axé sur les ambitions affichées, donc, il faut faire ffocus sur les résultats et détourner l’attention des querelles politiques pour se concentrer sur des réalisations concrètes en matière de développement.

Communiquer régulièrement sur les progrès pour renforcer la confiance des citoyens est , également, nécessaire.

 Les défis d’une  gouvernance réconciliatrice

Au pouvoir, le Pastef fait face à une réalité différente. Gouverner implique de dépasser les rancunes, de construire des ponts et de rechercher des solutions inclusives. Les défis auxquels le Sénégal est confrontés (chômage, inégalités, réformes institutionnelles) nécessitent une approche apaisée et collaborative.

Discours apaisant

Léopold Sedar Senghor disait que le « Sénégal est un pays de dialogue ». Et ce n’est pas faux. Le « maslaa », instauré en vertu, dans notre pays, n’est pas une tare si on l’utilise à bon escient.

L’idéal serait d’adopter un langage de réconciliation pour rassembler les Sénégalais autour d’un projet commun et de mettre en avant une vision qui transcende les divisions politiques et ethniques. Jamais, un pays n’a été développé dans un esprit partisan. C’est la gestion participative qui est la stratégie standard qui met tout pays sous les rampes de l’essor.

Il convient, dès lors, d’associer les acteurs de tous bords (opposition, société civile, leaders religieux et traditionnels) à la définition des priorités nationales et promouvoir un dialogue national pour bâtir un consensus autour des réformes.

 Actions symboliques

Les actuels tenants du pouvoir doivent, impérativement, mettre fin aux pratiques perçues comme revanchardes et engager des gestes d’apaisement envers d’anciens adversaires politiques.

Dans le contexte actuel, le travail doit être axé sur les ambitions affichées, donc, il faut faire focus sur les résultats et détourner l’attention des querelles politiques pour se concentrer sur des réalisations concrètes en matière de développement. Communiquer régulièrement sur les progrès pour renforcer la confiance des citoyens est , également, nécessaire.

L’heure de la maturité politique

Le Gatsa Gatsa (répondre coup pour coup) a été un outil efficace dans un contexte d’opposition, mais, il doit désormais céder la place à une gouvernance réconciliatrice, apaisée et tournée vers l’avenir. Le Président Bassirou Diomaye Faye et son équipe doivent démontrer leur capacité à dépasser les divisions pour construire un Sénégal où tous les citoyens se reconnaissent, un Sénégal uni pour relever les défis urgents et bâtir un avenir prospère.

Le maintien d’un esprit de règlement de comptes pourrait diviser davantage le pays. Une posture trop rigide pourrait alimenter des tensions sociales et politiques et entraver les réformes.

Les résistances des institutions et des élites pourraient se renforcer si elles se sentent menacées.

Aussi, un tel état de fait va saper la confiance internationale. Les partenaires économiques et diplomatiques attendent une gestion stable et apaisée.

Les orientations stratégiques lors du discours du nouvel an montrent que le Président Bassirou Diomaye Faye et le Pastef visent, non seulement, à répondre aux besoins immédiats des Sénégalais, mais, aussi, à transformer, profondément, le pays. Cependant, leur succès dépendra de leur capacité à mobiliser les ressources, à surmonter les résistances et à maintenir une cohérence politique et sociale.

Le « Gatsa Gatsa » doit être conjugué au passé pour relever les défis.

Ce « concept », souvent associé à une posture de confrontation, de règlement de comptes ou de réponses directes à l’adversité, a marqué la montée en puissance du Pastef et de son leadership. Cette approche a permis au parti de s’imposer comme une force politique majeure dans un environnement marqué par des tensions, des injustices perçues et une forte polarisation. Cependant, une fois au pouvoir, le maintien d’une telle dynamique pourrait s’avérer contre-productif face aux exigences de la gouvernance et des attentes de la population. Il faut plutôt une stratégie de survie politique.

Le « Gatsa Gatsa » a été une réponse à un environnement hostile où les leaders du Pastef et leurs partisans se sentaient marginalisés et persécutés.

Cette posture a permis de mobiliser une base militante fidèle, d’incarner la résistance face au « système » et de polariser le débat politique pour rallier des soutiens.

Si cette stratégie a porté ses fruits dans l’opposition, elle risque de devenir un frein dans un contexte où l’unité nationale et le consensus sont essentiels pour avancer.

Pour relever les défis actuels, le « Gatsa Gatsa » doit être abandonné au profit d’un leadership inclusif et constructif. Cela nécessite des leaders qui pourraient faire preuve de dépassement. Et d’intelligence politique.

Babou Biram Faye

About Post Author

Visited 86 times, 7 visit(s) today

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.