Discours de fin d’année du Président de la République: «C’est bon, mais, ce n’est pas arrivé» (BBF)
Le discours de fin d’année de SEM Bassirou Diomaye Faye, Président de la République du Sénégal, se distingue par un appel solennel à la préservation des valeurs fondamentales de la Nation, notamment l’unité, la cohésion sociale et la prospérité collective. Les principaux axes de ce message se montrent nets et précis. Cependant, il manque une approche approfondie des des idées qui manquent plus ou moins de concision et des mesures concrètes.
Un appel à la cohésion sociale face aux défis du communautarisme et des discours de haine
Le président exprime une vive préoccupation face à la montée des divisions identitaires et des discours haineux, particulièrement sur les réseaux sociaux. Ce passage témoigne d’une volonté de renforcer le tissu social et de prévenir les fractures potentielles qui pourraient fragiliser la stabilité du pays. En plaçant la cohésion sociale comme un « socle commun », il insiste sur son importance pour le développement national.
Une vision d’unité et de prospérité partagée
Le discours met en avant l’idée d’un Sénégal souverain et juste, mais il rappelle que cette vision ne peut se concrétiser que dans l’unité. Cette déclaration résonne avec les défis d’un pays confronté à une pluralité d’identités culturelles, religieuses et linguistiques. En exhortant les citoyens à travailler ensemble, le président appelle à un patriotisme constructif et fédérateur.
La valorisation du travail et de l’excellence
En incitant les Sénégalais à cultiver « le travail bien fait et l’excellence », le président reconnaît les compétences et les capacités du peuple sénégalais. Cette partie du discours renforce la fierté nationale et invite chaque citoyen à s’engager activement dans le développement du pays. Le parallèle entre le Sénégal et les autres nations met également en avant l’idée d’une compétition internationale où l’excellence nationale est le principal levier.
Un message inspirant à la jeunesse
Le président s’adresse directement à la jeunesse, qualifiée d’ »ardente et créative », en la plaçant au centre du développement national. Il met l’accent sur l’innovation et l’ouverture au monde, tout en ancrant cette dynamique dans les valeurs culturelles sénégalaises. Cet appel montre une prise de conscience des défis auxquels fait face la jeunesse, notamment l’emploi, l’éducation et l’émigration. Il souligne également la volonté du gouvernement d’être un partenaire actif dans leur réussite
Un engagement pour les générations futures
En terminant sur une note optimiste, le président évoque un « Sénégal uni, souverain, juste et prospère », en soulignant la responsabilité collective pour les générations actuelles et futures. Ce passage reflète une ambition à long terme et un leadership tourné vers la durabilité.
Une bénédiction et un message universel
En clôturant avec une bénédiction pour le Sénégal, le président s’appuie sur une rhétorique spirituelle qui parle à une majorité de Sénégalais, renforçant ainsi le sentiment d’appartenance commune et d’espérance.
Ce discours se veut, donc, rassurant, rassembleur et inspirant. SEM Bassirou Diomaye Faye y incarne un leadership soucieux de maintenir la stabilité du pays face à des défis sociaux et culturels, tout en traçant une vision ambitieuse et inclusive pour l’avenir. Il appelle chaque citoyen, et particulièrement la jeunesse, à contribuer activement à la construction d’un Sénégal meilleur, ancré dans ses valeurs, mais ouvert aux opportunités mondiales.
Analyse critique du discours
Bien que le discours de fin d’année du Président de la République soit bien structuré et inspire une vision d’unité et de prospérité, il est pertinent d’examiner s’il répond suffisamment aux attentes urgentes des Sénégalais.
Une analyse pertinente mais générale des problèmes sociaux
Au marché de Ouagadougou au Burkina Faso, il est fréquent d’entendre un vendeur dire a un client qui lui propose un prix: « c’est bon ,’mais, ce n’est pas arrivé ». Ceci pour dire au client que le prix qu’il a proposé est bon, comme c’est de l’argent, mais, cela n’est pas suffisant.
Cette illustration peut etre collée au discours du Président Faye qui a touché du doigt presque tous les maux du Sénégal, mais, sans faire, de manière précise, des propositions de solutions aux maux qui gangrènent notre société.
Le President identifié correctement la montée du communautarisme et des discours de haine comme des menaces pour la cohésion sociale, ce qui montre une conscience des défis sociétaux actuels. Mais, il ne propose pas de mesures concrètes pour contrer ces phénomènes. Les Sénégalais auraient attendu des annonces spécifiques, comme le renforcement de la régulation des réseaux sociaux, des campagnes nationales pour la paix et la cohésion, ou des actions éducatives dans ce sens.
Un discours idéalisé mais peu ancré dans la réalité économique
L’appel au « travail bien fait et à l’excellence » est noble et mobilisateur.
Cela peut sembler déconnecté de la réalité quotidienne des Sénégalais, en particulier des jeunes confrontés au chômage, à la précarité et à l’émigration clandestine. Le discours n’évoque pas clairement les politiques économiques immédiates pour soulager les difficultés actuelles, comme la hausse du coût de la vie, le logement ou les opportunités d’emploi.
L’ adresse à la jeunesse est, certes, inspirante, mais, elle reste incomplète. Le président a valorisé la créativité et l’innovation des jeunes et a promis le soutien du gouvernement. Cependant, il manque des détails sur les mécanismes concrets pour les accompagner. Qu’en est-il des financements pour les start-ups, de la réforme du système éducatif ou de la création d’emplois ? Une simple promesse d’écoute risque de paraître insuffisante face aux attentes urgentes.
Une vision à long terme qui néglige les urgences immédiates
L’engagement pour un Sénégal « souverain, juste et prospère » est ambitieux et encourageant.
Mais, le discours se concentre davantage sur des objectifs à long terme, mais les Sénégalais attendent aussi des solutions immédiates aux problèmes quotidiens, comme l’accès à une meilleure santé, à une éducation de qualité, à l’eau potable, et à une alimentation abordable.
Par ailleurs,.l’on noté un silence retentissant sur les tensions politiques et sociales.Omission ou esquive?
En tout cas, le président n’évoque pas les tensions politiques, notamment entre majorité et opposition, qui affectent profondément la vie nationale. Ce silence peut être perçu comme une esquive face à un enjeu crucial : comment restaurer un dialogue politique inclusif et renforcer la confiance dans les institutions ?
Manque de mesures concrètes et chiffrées
Le discours manque de précisions chiffrées ou d’annonces de projets concrets. Par exemple, combien d’emplois le gouvernement prévoit-il de créer ? Quelles initiatives spécifiques pour réduire les inégalités ? Les Sénégalais pourraient reprocher l’absence d’indicateurs clairs pour évaluer la mise en œuvre des ambitions présidentielles.
Pour conclure, le discours de SEM Bassirou Diomaye Faye est inspirant, fédérateur et porteur d’une vision de long terme pour le Sénégal. Cependant, il présente plusieurs faiblesses qui risquent de frustrer les Sénégalais, notamment son manque de propositions concrètes pour répondre aux défis urgents. Face à des attentes croissantes, il aurait été plus percutant d’accompagner cette vision de mesures immédiates et tangibles pour améliorer la vie quotidienne des citoyens. En somme, le discours pourrait être perçu comme déconnecté des réalités pressantes, malgré la noblesse des intentions affichées.
BABOU BIRAM FAYE