Le 15 mai 1993, assassinat de Me Babacar Sèye
Le 14 mai 1993, la Commission nationale de recensement des votes avait proclamé les résultats provisoires des élections législatives tenues le 9 mai 1993. Avaient participé à ces joutes électorales, le Parti socialiste (Ps), le Parti démocratique sénégalais (Pds), la Coalition Jappo Liggeeyal Sénégal, la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt), le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) et l’Union démocratique sénégalaise/Rénovation (Uds/R).
Il devrait s’ensuivre la publication des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel dont Me Sèye était membre.
Le 15 mai 1993, six jours après la tenue des élections (9 mai 1993), pendant que les Sénégalais attendaient les résultats des élections, le Sénégal assiste à l’assassinat de Maître Babacar Sèye. C’est aux environs de 15 heures, après une séance de travail, que Maître Babacar Sèye, vice-président du Conseil Constitutionnel, avait quitté son bureau au Conseil constitutionnel, pour rejoindre son domicile à Dieuppeul. Il avait emprunté la Corniche-Ouest à bord de son véhicule de fonction R25 immatriculée DK-9110-G. Il y’avait également son chauffeur Abdou Aziz Ngom et à la droite de Me Sèye le brigadier-chef de police Momar Niang, qui assurait sa protection rapprochée.
Selon le communiqué du gouvernement du Sénégal d’alors, publié dans le journal Le Soleil, édition du lundi 17 mai 1993, le chauffeur de Me Sèye avait «remarqué qu’ils étaient suivis par un véhicule. Après les avoir dépassés, ce véhicule leur barra la route au moment où ils s’engageaient dans la rue des Ambassadeurs.
C’est à ce moment que les occupants du véhicule ont tiré et criblé de balles la voiture du Président Sèye blessant sérieusement ce dernier et son garde du corps».
Le chauffeur engageait alors la voiture sur la route de la Corniche Ouest où elle était prise en chasse par une 505. A hauteur de l’intersection de l’avenue Martin Luther King et celle des Ambassadeurs, alors qu’elle s’apprêtait à tourner à droite, elle était criblée de balles. Me Babacar Sèye était touché mortellement à la tempe gauche ainsi qu’au genou gauche. Selon toujours le communiqué du gouvernement publié par Le Soleil du 17 mai 1993, « le policier qui assurait la protection rapprochée du Président Sèye, bien que grièvement atteint, a réussi, au prix d’un immense effort, à avertir, par radio, les services de police qui se sont aussitôt portés à leurs secours».
Le chauffeur s’en était sorti indemne. Tandis que blessé, Me Sèye a été admis au bloc opératoire de l’hôpital Principal où le médecin n’a pu que constater son décès à 15h 35.
Aussitôt informé de cet attentat, le président de la République, Abdou Diouf, accompagné de son épouse, Mme Elisabeth Diouf et de son Premier Ministre, Habib Thiam, du médiateur de la République, Ousmane Camara, du Garde des Sceaux ministre de la justice, Serigne Lamine Diop, …et du Ministre-directeur de cabinet du président de la République, Ousmane Tanor Dieng, s’était rendu à la morgue de l’hôpital Principal pour s’incliner sur la dépouille mortelle de Me Babacar Sèye. C’était la tristesse et la désolation. La levée du corps a eu lieu le dimanche 16 mai 1993 à l’hôpital Principal. Et l’inhumation le même jour en fin d’après-midi, dans sa ville natale, Tiaka Ndiaye, de Saint-Louis.
Dans le cadre de l’enquête pour retrouver les assassins de Me Babacar Sèye, Me Abdoulaye Wade et trois autres responsables du Pds (Me Ousmane Ngom, directeur de campagne, Jean Paul Dias et Pape Samba Mboup, chef de protocole) ont été interpellés dans l’après-midi du dimanche 16 mai 1993.
Aux environs de 18 heures, ces derniers et beaucoup de leurs collaborateurs sont arrêtés et gardés en vue. Ils ont été entendus sur l’assassinat de Me Sèye et plusieurs perquisitions ont été faites à leur domicile respectif, et au siège du Parti démocratique sénégalais (Pds). Il s’en est suivi plusieurs enquêtes et arrestations de plusieurs personnes parmi lesquelles Clédor Sène.
Leur procès a débuté le lundi 26 septembre 1994 et le 30 septembre de la même année, la Cour d assises de Dakar a condamné Amadou Clédor Sène à 20 ans de travaux forcés, Assane Diop et Pape Ibrahima Diakhaté à la peine de 18 ans de travaux forcées. Ces derniers seront libérés en janvier 2002. Et plus tard, le 7 janvier 2005, la loi Ezzan fut votée par l’Assemblée nationale du Sénégal pour les amnistier.