Vieux Aidara condamné à 10 ans ferme: «Ce jugement justifie a posteriori ma décision de quitter le Sénégal»
«Ce jugement justifie a posteriori ma décision de quitter le Sénégal en cours de procédure», a répondu Mamadou dit Vieux Aïdara, qui a quitté le territoire sénégalais le 1er décembre 2012. Considéré comme un fugitif et condamné le 23 mars dernier à une peine de 10 ans supérieure à celle dont écope le principal accusé poursuivi pour enrichissement illicite, Karim Wade, Aïdara estime que la Crei n’en est pas moins «une juridiction inquisitoriale qui ne permet pas aux personnes soupçonnées de se défendre». «Je n’ai nulle confiance en la Crei, qui est faite pour assouvir des règlements de comptes. Si tel n’était pas le cas, on m’aurait laissé tranquille dès l’enquête préliminaire», tient-il à préciser, dans un entretien au panafricain Jeune Afrique.
Admettant que le président Wade a, à un moment donné, aidé financièrement la chaîne Canal infos News, Aïdara n’en fait pas pour autant une propriété de Karim Wade, mais le sien, qu’il partage avec Cheikh Tidiane Ndiaye. «J’ai très vite compris qu’il (Cheikh Tidiane Ndiaye : ndlr) était l’accusateur, et moi l’accusé. J’étais incrédule. AN Médias signifie Aïdara-Ndiaye Médias. Comment l’un de nous pourrait-il être un homme de paille et pas l’autre ? Je l’ai regardé dans les yeux et lui ai dit en substance : »Cheikh, arrête tes conneries ! Là, c’est du sérieux. Tu revendiques en justice 50 % des actions, alors pourquoi dis-tu que la société appartient à Karim Wade ? », renchérit Vieux Aïdara, considéré comme l’un des sept complices de Karim Wade.
Le « fugitif » annonce qu’il va saisir la France et les instances européennes, après la peine prononcée à son encontre par la Crei. «A compter d’aujourd’hui, je vais me battre contre l’État du Sénégal. Je compte notamment saisir le président français. J’ai été spolié, puisque le matériel d’AN Médias – qui a été saisi – m’appartient personnellement, via une société unipersonnelle. Si mon investissement n’est pas sécurisé au Sénégal, cela signifie qu’une juridiction d’exception peut s’accaparer les investissements d’un citoyen français au prétexte qu’il était l’ami d’une personnalité accusée d’enrichissement illicite. Je vais également saisir les instances européennes. Le Sénégal ne peut passer son temps à solliciter les investissements privés et agir de la sorte».
Parce que, révèle-t-il à propos du montage financier de Canal infos News: «Dès l’enquête préliminaire, les gendarmes m’avaient expliqué que Karim Wade était le véritable propriétaire de AN Médias SA, une société dont j’étais pourtant l’actionnaire avec Cheikh Tidiane Ndiaye » (…) «Si je suis considéré comme un prête-nom de Karim Wade, il devrait l’être lui aussi. Pourtant la CREI ne l’a pas inquiété».