Pour avoir remis un enregistrement des délibérations de la CREI à un des avocats de Karim Wade : Le technicien du Palais de Justice, Abou Adolphe Dia tombe, l’avocat en question et des pontes «bleus» risquent gros
L’affaire est à la fois insolite, inédite et grave! Un agent du Palais de Justice se fait arrêter au tribunal et conduire à la cave pour être inculpé. Et, « l »ami de Karim », comme d’aucuns surnomment ce technicien d’aller le rejoindre à la citadelle de Rebeuss.
Notre source qui a « creusé », vous révèle ce qui a fait tomber ce technicien en électricité, en service à la Division Maintenance et Gestion du Palais de Justice.
Ceux qui ont l’habitude d’assister au procès du fils de l’ancien Président ont l’habitude de remarquer la présence de ce bout d’homme à la silhouette plutôt frêle, et très actif puisque s’occupant de la sonorisation de la salle 4 qui abrite ce procès. Souvent assis à côté du prévenu Karim Wade -certaines personnes surnomment Abou Adolphe Dia « l’ami de Karim »- est finalement tombé.
D’ailleurs, l’enquêteur de la Dic lui a posé la question de savoir : « étant donné que vous dites être toujours présent lors des audiences de la Crei concernant Karim Wade, pouvez-vous nous dire si vous avez entretenu des rapports ou échangé des propos avec ce dernier? »
Pour toute réponse, Dia répondra : « comme j’étais souvent assis à ses cotés, il m’arrivait de discuter avec lui. C’est pourquoi certaines personnes m’appellent l’ami de Karim. Toutefois, je ne lui ai jamais donné mon numéro de téléphone et de son côté, il ne me l’a jamais demandé, encore moins offert quoi que ce soit ».
Un avocat de la défense de Karim Wade dans le collimateur
En tout cas ce technicien risque gros, au même titre qu’un des avocats de Karim Wade dont nous tairons le nom et des pontes libéraux avec lequel il était souvent connecté. Que s’est il passé?
De sources proches de l’enquête rondement menée par la Dic, nous sommes en mesure de révéler que le nommé Abou Adolphe Dia, technicien en service au palais de justice, est poursuivi pour violation du secret des délibérations, collecte de données à caractère personnel. Il lui est reproché d’avoir violé le secret des délibérations en cours à la Crei. En un mot, le technicien est suspecté d’avoir mis à la disposition de l’un des avocats de la défense de Karim Wade, des enregistrements des délibérations du Président de la Crei, Henry Grégoire Diop. En vérité, la Cour aurait été enregistrée à son insu.
En fait, c’est le secrétaire du Ministère de la Justice qui a fait tomber Dia. Selon le plaignant, le technicien aurait remis un enregistrement à cet avocat de Karim. Ce que balaie d’un revers de main Dia, qui a été perdu par la réquisition faite à Sonatel.
D’abord, les limiers ont eu à entendre le nommé Farba Cissé, chef de la Division de Maintenance et de Gestion au Palais de Justice de Dakar, lequel coiffe Dia. Et Farba d’apprendre aux enquêteurs que le nommé Adolphe Dia est en service au Bureau Maintenance, qui est chargé de la maintenance de la climatisation, de l’électricité, de la menuiserie, de la plomberie et de la sécurité des installations.
Dans la foulée, Farba Cissé précisera aux limiers que ce Bureau est préposée à la gestion du matériel de sonorisation aménagée pour la circonstance à la salle 4 abritant le procès Wade fils. Et, ce matériel de sonorisation est installé précisément au box des accusés d’où la proximité entre le technicien Adolphe Dia et les prévenus Karim Wade et Pape Mamadou Pouye. En somme, c’est Dia qui gère ce matériel de sonorisation utilisé pendant les audiences du procès Wade fils.
Revenant sur les faits gravissimes objet de sa convocation, le sieur Farba Cissé de soutenir avoir été mis au parfum par le Secrétaire Général du Ministère de la Justice, qui avait convoqué simultanément le technicien Dia dans son bureau. C’est ainsi qu’il apprit que des enregistrements sonores avaient été remis à un des avocats de la défense. Ce que Dia niera, mais il fera un aveu de taille.
Selon Farba Cissé, le nommé Dia a révélé au Sg du ministère de la Justice qu’un individu l’avait abordé au cours d’une des audiences de la Crei et qui par la suite lui demandera son numéro de téléphone. Cette personne l’avait contacté par la suite, via un appel téléphonique puis par message sms, via également VIBER pour lui demander de lui filer des enregistrements des délibérations. Ce que Dia aurait refusé, prétextant ne pas avoir relevé le numéro de téléphone de son correspondant.
Poursuivant, Faba Cissé de dire se rappeler qu’il y a quelques jours, son jeune collègue Abou Adolphe Dia l’avait joint par téléphone pour lui dire que certaines lampes de la salle 4 étaient grillées. Un appel qui, dira t-il, l’a surpris du fait que Dia était suffisamment outillé pour faire face à ce genre de problème technique. D’ailleurs quelques temps après, et aussi bizarre que cela puisse paraître, le même Dia l’appellera encore pour lui dire que le problème était résolu. Puis, Dia de l’appeler encore une fois pour lui faire part d’une défectuosité constatée au niveau du matériel de sonorisation.
Dia perdu par ses communications avec l’avocat de la défense et le retraçage de leurs sms
En somme, Farba Cissé révélera aux enquêteurs être surpris des faits graves reprochés à Dia. Non sans expliquer que ce dernier n’a la possibilité d’accéder à la salle des délibérations qu’au cas où ses services sont sollicités. Poursuivant, il a précisé que les clefs de la salle des délibérations sont détenues par le Président de cette Cour, en l’occurrence Henry Grégoire Diop et les gendarmes préposés à la sécurité. Il terminera pour préciser que le seul moyen d’enregistrer des délibérations dans cette salle, c’est d’y glisser un support doté d’options d’enregistrement.
« Cuisiné », le technicien Dia réfutera les graves faits à lui reprochés. Mais, à la question de savoir s’il avait des rapports particuliers avec des avocats de Karim Wade, il déclarera connaitre Mes Demba Ciré Bathily et Seydou Diagne. D’ailleurs, il avouera communiquer souvent avec ce dernier par téléphone ou par sms.
Il a précisé que les appels avec Me Demba Ciré Bathily se limitaient souvent à des salutations, alors qu’avec Me Diagne « c’était plus approfondi ». En fait, il dira aux enquêteurs que ce dernier l’appelait souvent pour prendre des nouvelles du procès que la défense de Wade fils a boycotté depuis un certain temps.
Seulement, en dépit de sa dénégation systématique, l’exploitation de la mémoire de son téléphone aura permis aux limiers de retracer les messages échangés avec cet avocat de Karim Wade. Pis, les enquêteurs ont pu constater que Dia avait pratiquement les coordonnées téléphoniques de la plupart des avocats de Karim Wade et des responsables du Pds (dont nous tairons également les noms).
N’en démordant pas pour autant, les limiers feront une perquisition à son domicile. Et, c’est pour découvrir dans son PC de marque HP, pas moins de 53 fichiers audio, contenant des débats d’audience du procès Wade fils enregistrées sous les noms: « CREI 4, JAN 14, DIA 2, KONATE ». Des enregistrements faits sous le format M4A (u format de compression).
Interpellé à nouveau sur cette découverte, le prévenu confondu, va revenir sur sa déclaration antérieure. En somme, il a finalement fait des aveux circonstanciés.
Des têtes et non des moindres risquent de passer à la trappe! A suivre…