Dédicace du livre Baaba Maal, le message en chantant : Oumar Demba Ba «chante» le roi du Yela

De Podor à Dakar ; de Dakar à Freetown ; de Freetown à Paris, de Paris à New York, pas une seule fois dans son livre Oumar Demba Bâ n’a omis de retracer les péripéties qui ont jalonné la vie du chanteur Baaba Baïdi Maal. Ce livre, structuré en 8 chapitres, part cueillir la source d’inspiration de l’artiste à Podor et Ndioum, avant de s’acheminer vers les belles envolées lyriques du roi du Yella. Bien écrit et dans un français facile, comme l’ont remarqué certains lecteurs, cet ouvrage offre un beau regard sur l’univers artistique de l’enfant du fleuve Sénégal, Baaba Maal, mais il invite surtout à réfléchir sur l’homme et son œuvre comme l’intitulé du sous-titre.
Dans Baaba Maal, le message en chantant, l’auteur montre surtout la détermination d’un homme qui a su lever tous les interdits pour vivre pleinement sa passion et réaliser ses rêves. Né d’un père adjudant-chef dans l’armée coloniale, rien ne prédestinait Baaba à la chanson. Et pourtant, renseigne ce livre, c’est la voix de ce même père qui a porté Baaba au micro. Ce dernier en attendant cette voix de muezzin appeler les gens à la prière n’a pas su s’interdire d’emprunter le même chemin. Mais là n’était pas le seul interdit que Baba se devait de lever. Baaba appartenant à la caste des «Soufalbé» (Ndrl : pécheurs) eut tout le mal du monde à être promu Roi du Yela. L’enfant du Fleuve a usé de tout son génie et n’y serait parvenu sans  l’aide de son ami de tout le temps, Mansour Seck, témoigne-t-on dans la salle. Il le remerciera alors à juste titre, ainsi que l’ensemble de son orchestre le Dandé lenol. Sans oublier de s’incliner devant la mémoire de Mbassou Niang.
Cet ouvrage offre du point de vue de son préfacier, Felwine Sarr, une documentation fouillée, «pour un coup d’essai cette biographie est un coup de maître», enjôle l’auteur. «Au-delà de la biographie de Baaba qu’il offre, c’est l’histoire culturelle du Fouta tout entier qu’il nous fait arpenter avec ses «hiirdé», avec le Bou El Mo­gdad», dira l’auteur d’Afrotopia. Ce n’est pas tout. Nous permet-il de découvrir l’homme non pas seulement en tant que chanteur mais engagé, et sur ce point justement que le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne axera son allocution. «Cet opus vient à son heure, en rendant justice à cet homme qui, par son art, a achevé de faire partie du patrimoine mondial donnant une image sublimée de son pays, et illustratrice de sa culture», dira le Pm à l’endroit du lead vocal du Dande lenol. Il donnera à Baaba Maal le titre d’archéologue et ce dernier expliquera, à son tour, que ce n’est pas pour rien que son groupe porte le nom de Dandé lenol. Il porte la voix de tout un peuple et d’une ethnie dont il est fier : les halpular. Sans cacher son ethnocentrisme, Baaba remerciera cette communauté et surtout l’auteur de l’ouvrage Oumar Demba Ba. «J’ai tellement de choses à dire, mais une chanson est trop courte ; on ne peut pas tout y dire. J’ai parcouru le livre et je vois qu’il raconte ce qu’il y a de beau mais aussi les problèmes que j’ai rencontrés», dira d’abord le chanteur. Et puis d’ajouter : «ce livre vient éclairer tous ceux qui ne sont pas hal pular, toutes les personnes qui veulent comprendre le message de Dande lenol».
Oumar Demba Ba rétorquera modestement à Baaba : «Tu mérites qu’on te rende hommage pour tout ce que tu as fait. Ton parcours est exceptionnel.» Les honneurs reviennent aussi à l’auteur de la biographie de Baaba Maal. «Certaines maisons de disque ont toujours tenté d’écrire ma biographie, mais ont renoncé devant la lourdeur de la tâche», confiera le célèbre chanteur.

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